Malgré un temps froid et maussade, des nouvelles inquiétantes (8ème jour de confinement) Frédéric Marcou a su me faire sourire et me remonter le moral avec son SP "Les fragrances magiques".
Certains prennent la vie avec philosophie, Frédéric Marcou la prend avec poésie. C'est inné chez lui. Tout n'est que prose, rime, sonnets. Quel que soit le sujet, sa plume magique transforme un quotidien pas toujours drôle avec ses idées étonnantes, farfelues, tendres. Et puis, il y a ses variations sur un même thème avec des poèmes vivants qui se transforment, se cherchent. Ce que j'aime par-dessus tout, c'est ce parti-pris de l'auteur qui profite de sa prose pour nous confier ses états d'âmes, son souhait d'être reconnu, ses doutes quand à sa prose mais aussi ses souffrances, sa vision critique d'un monde où il est difficile d'être soi-même.
Et pour finir, je lui laisse la parole pour ces quelques mots pleins d'une profonde signification par les temps qui courent :
"Les poètes de toute obédience
Lancent à tous des mots d'espérance"
Merci à vous pour ce don précieux.
Challenge POÉVIE : la poésie c'est la vie (2020-2021)
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J'ai découvert l'univers de Frédéric Marcou il y a quelques mois par la lecture d'un recueil de nouvelles, plutôt noir et mortifère, qu'il destinait à un lectorat jeune (Voyage au pays de l'envie) … Son écriture m'avait intriguée ; je restais en demande, persuadée que je n'avais pas tout saisi.
C'est avec plaisir et curiosité que je renouvelle l'expérience, qui sera poétique cette fois, avec Les Fragrances magiques.
Une fragrance est une sensation olfactive et gustative, plutôt agréable. Associée à la magie, cela promet des surprises, de l'irrationnel… Pourquoi pas ?
D'emblée, je comprends que l'auteur va prendre des libertés et se jouer des codes car le premier poème, intitulé " Modeste Sonnet " n'en est pas un… et les suivants qu'ils aient " sonnet " ou non dans leurs titres, même s'ils s'en rapprochent, ne vont pas satisfaire les puristes avec leurs quatorze vers libres, de longueurs variables, sans strophes marquées. Quand je remarque un poème qui ne suit plus cette trame (" L'âme de l'esclave "), je m'en étonne : est-ce volontaire ?
Frédéric Marcou la joue modeste, " en catimini ", n'hésite pas à mêler les registres, soutenu et familier, classique et moderne, à rimer plus ou moins (" Ça c'est une rime riche
/ Il ne faut pas que ça fasse chiche /
Ça va enrichir mon recueil
"), à bannir la ponctuation, gardant juste quelques virgules ou points d'exclamation pour le rythme et la route, à inverser des formules.
Les sujets abordés sont autobiographiques comme des souvenirs de collège ou familiaux, une psychothérapie, d'actualité autour de questions sur la fraternité, le port de la burqa, la condition des femmes, l'enseignement, les perspectives des jeunes, les milieux professionnels, l'estime de soi, le vedettariat… ou encore philosophiques ou religieux. le poète se met en scène, s'apostrophe ou bien interpelle les politiques ; parfois, il s'adresse directement au lecteur, le prend à partie, lui démontre qu'il n'est pas dupe face aux " atermoiements faciles
/ du public consentant ".
le poète se dévoile, se met à nu, parle de l'écriture, du métier d'écrivain, de l'inspiration. Il évoque ses références littéraires, clairement en citant notamment Shakespeare ou en filigrane avec des mots aux sonorités anciennes qui me rappelle Clément Marot ou encore des allusions à la lyre antique ; il emploie des termes récurrents comme " tercet ", " quatrain " comme pour se donner une légitimité poétique classique. Il se confie sur son désir de vivre de sa plume, sur sa pudeur, sur ses difficultés à savoir se vendre, sur son besoin de reconnaissance : " J'ai envie d'écrire
/ Pour ceux qui peut-être un jour / Verront en moi quelque talent ".
Comme tous les poètes, l'auteur revisite aussi les grands thèmes lyriques, célèbre les saisons, l'amour autour de sa " louloutte ", la maladie, la pauvreté…
Frédéric Marcou reprend la posture du poète révélateur, du meneur, du guide, du " phare " : " Les poètes de toute obédience / Lancent à tous des mots d'espérance ". Il y a aussi, dans son écriture, des touches impertinentes et insouciantes, des piques humoristiques qui font mouche : " Pour l'instant, je chamaille
/ J'ai le sentiment d'être canaille ".
Il reconnaît qu'il n'a pas choisi la facilité pour toucher son lectorat : " Ça ne marche pas mes poèmes / Ce n'est pas une raison / Pour changer de maison ". En effet, qui lit encore de la poésie aujourd'hui ? Et pourtant, il faut composer, publier, ne pas renoncer : " le poète ose la noce ".
L'auteur nous questionne avec un poème au titre interrogatif, " La Poésie inutile ? ". Ses poèmes découlent d'une écriture cathartique ; si personne ne les achète et ne les lit, ils l'ont au moins aidé à aller mieux, à se construire, à donner forme à ses rêves. C'est là que je le rejoins sur la finalité profonde de ce livre : j'ai lu ce recueil avec attention, trouvé matière pour en parler dans une critique de lectrice mais sa poésie ne m'a pas touchée, ne m'a pas émue. J'ai tenté une deuxième lecture, à haute voix, pour faire ressortir une musique, des sonorités ; parfois, cela a fonctionné pour moi, mais la plupart du temps, non…
Selon moi, la poésie doit émouvoir, provoquer, s'adresser à l'imaginaire et à la sensibilité… Les Fragrances magiques n'ont rien suscité de tel pour moi. Je reste sur ma faim car le titre m'inspirait et, malheureusement, je ne le comprends plus, une fois parvenue à la fin du recueil ; la magie n'a pas opéré… Dommage.
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Je suis contente d'avoir pu retrouver la plume de cet auteur à travers un nouveau recueil exclusivement de poèmes. Il est vrai qu'à la base je préfère les textes courts ou les nouvelles plutôt que les poèmes, mais changer ne fait jamais de mal, surtout que les « instants » que nous offre l'auteur sont souvent appréciables.
Comme toujours certains poèmes m'ont plus ou moins touchée, plus ou moins emportée, se sont plus ou moins rapprochés de mon vécu ou de mes préoccupations, mais globalement, j'en ressors une fois de plus bercée par la plume de l'auteur et par ce qu'il voulait nous conter.
J'ai quand même été un peu moins touchée que d'autres de ses recueils du fait qu'il s'agit de poésie et qu'à la base, c'est un style avec lequel j'ai un peu plus de mal, mais après cela reste très personnel. Malgré cela, j'ai beaucoup apprécié les poèmes parlant de Loulou et ceux s'intéressant à la condition d'écrivain qui sont particulièrement touchants et forts.
En bref, j'ai passé un moment agréable avec ce recueil et je pense qu'il saura convaincre les lecteurs de poésie.
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Garder ses repères
Envie de garder mes repères
Devant cet excès de faux partout
Où tout est saturé de flou
Envie aussi de plaire
Et pour tous ceux, rares
Qui un jour ne seront plus fous
Et ne crieront plus au loup
J'ai envie d'écrire
Pour ceux qui peut-être un jour
Verront en moi quelque talent
Il leur faudra de longs discours
Et faire de nombreux recours
Pour qu'il y ait un élan
Pour que je sois sur du velours
La poésie inutile ?
La poésie est un acte inutile
Les gens ne l'achètent pas
Les gens ne conçoivent pas
De donner des sous pour une chose si futile
Je ne veux pas que l'on mutile
Mon art au prorata
La poésie comme un agrégat
Ne peut- être qu'utile
Ce que j'écris
Personne ne l'ignore
C'est pour chasser la morosité de ma vie
Et mes rêves inassouvis
Forment le décor
De mon engagement à vie
Sonnet ?
Écrire un sonnet
Digne de ce nom
Pour avoir un renom
N'est qu'un pâle reflet
Que mon âme vous soumet
C'est juste pour faire tampon
Il faut pas être tatillon
Je vous les met en paquet
Je n'ai pas de CDI
Je vais mourir pauvre
Mais tant pis
Voilà, j'écris
Même si ça navre
Tout en catimini
Ma foi
Trouver sa foi
C'est ma foi difficile
Car, il faut croire, et pas que quelquefois
Pas croire que c'est facile
Il faut dire à la face du monde
Je crois en la magie
Et même si le monde ne croit pas
Continuer... Tant pis
Il faut fuir les prédicateurs de tout poil
Et ne pas faire de prosélytisme
Ne pas se cacher d'un voile
Et penser que les gens ont besoin de positivisme
Il faut croire en sa magie, en y pensant
Il faut vivre la magie, en y croyant
Sonnet scolaire
Un jour peut-être
Dans les écoles, on me lira
De Frédéric, on dira
Voici un poète que l'on montre
Les profs critiqueront mes rimes en "tre"
Les élèves diront "bah"
Le classique, j'aime pas
Mais d'autres voudront connaître
Celui qui eut dix-huit en poésie
La seule note correcte
Qu'il eût obtenu au collège de sa vie
Et pourtant quand il était petit.
Une vidéo sur « un monde d’ailleurs ».