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Critique de Sharon


L'action débute dans le présent. Mary Jacob est adulte, mariée, mère, elle a réussi professionnellement. Sportive, elle prend soin de son physique, pour se sentir bien dans son corps plus que pour séduire. Elle se souvient de peu de choses de ses douze premières années, surtout pas ce qui a conduit au décès de Lavinia, la cuisinière qui lui a servi de mère de substitution. Retourner sur les lieux de son enfance, renouer avec son père, avec sa soeur aînée est une manière d'essayer de retrouver ses souvenirs.
Et la jeunesse de Mary Jacob, nous la découvrons dans un récit enchâssé dans le premier, récit où la petite Mary, Lavinia et Billy sont tour à tour les personnages principaux. Mary n'est pas une enfant maltraitée, pas vraiment, elle est une enfant totalement délaissée, dont personne ne prend réellement soin, sauf Lavinia. Elle a une grande soeur, qui pourrait l'aider, eu égard à l'état de santé de leur mère, mais non. On pourrait dire que la différence d'âge explique l'indifférence de l'aînée, mais je ne crois pas que ce soit la seule cause : Mary Jacob, ou plutôt sa naissance, n'est-elle pas tenue pour responsable de l'état de santé de leur mère ? Elle n'est pas le fils tant attendu par son père, elle n'est qu'une fille avec un prénom à demi masculin.
De l'autre côté, nous avons Billy Ray. Il est seul, lui aussi, parce que sa mère travaille constamment, qu'elle travaille loin de leur maison et que lui même travaille déjà - est-il besoin de préciser que c'est pour un salaire de misère ? Pas de père, comme c'est le cas pour presque tous les enfants de son quartier. Billy est jaloux, de l'enfant dont sa mère prend tant de soin. Il est jaloux sans la connaître, il le sera encore plus quand il la verra avec sa mère, à la place que lui devrait occuper si l'ordre des choses était normal. Billy, jeune, se montre très dur avec les femmes de son quartier, avec les hommes qui profitent des femmes, quels qu'ils soient. Il ne comprend pas l'engagement de sa mère en faveur des droits civiques, du pasteur Martin Luther King. Pourtant, il est révolté, du fait de tout ce qu'il a subi.
Et il le sera tout autant étant adulte, lui aussi revenant sur les traces de sa jeunesse. Son parcours est moins emprunt de réussite que celui de Mary Jacob. Il cherche pourtant une forme de rédemption, de renaissance musicale : lui aussi souhaite faire la lumière sur le passé.
Des révélations ? Oui, il y en aura. Des réconciliations ? Pas véritablement. Mary Jacob découvre bien des secrets, y compris ceux qu'on lui a caché pour son bien - les préjugés ont la vie très dure, surtout pour ceux qui ne font rien pour véritablement les combattre. Pas de happy end, donc - le refuge des souvenirs n'est pas un roman à l'eau de rose. Mary Jacob, Billy, ils doivent parcourir leur chemin vers l'acceptation, trouver, éventuellement, un apaisement. D'autres, comme la soeur aînée de Mary, ont des préoccupations beaucoup plus matérielles. La fin reste assez ouverte, malgré tout. Mary Jacob et Lavinia, qu'elle fait revivre à travers ses romans pour la jeunesse, d'une certaine manière, accompagneront longtemps le lecteur.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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