With love, tome 2 : Joachim

Il y a des gens qui font payer aux autres ce qui leur arrive. Ils ne le font pas consciemment, mais simplement, la douleur se montre tellement vive en eux qu’ils rayonnent de noirceur et de mal-être.

-Mais sinon, cette histoire de ne pas toucher à Jo, c’est bien gentil, mais…est-ce que ça t’inclut, toi?
Il rit doucement en faisant glisser ma veste le long de mes bras.
-Je crois qu’il va falloir que je t’explique par la pratique l’exception principale de cette règle…

Dans la vie, il y a un principe simple que peu de personnes comprennent. On naît et on meurt seul. Le reste se résume à du remplissage. Et quand on sait ça, on oublie ce fameux « reste ». On porte simplement sa croix. Sans un mot. Sans un espoir. On subit et on essaye d𠆚vancer, ou non, dans un monde tout à coup dénué d𠆚venir. Un monde qui ne brille plus.

« — Putain, fait chier ! Bon, passons… Je relance la polémique que nous avions laissée en suspens, il y a quelque temps… Tronc de jeune yucca, ou plutôt cactus épilé ?
Jérémy m’adresse un regard perdu. Zach, installé à l’autre bout de la tablée (ça sent clairement le gaz dans leur couple ce soir), répond à la question muette de son homme, ou ex, ou homme en froid, je ne comprends pas trop :
— La crevette veut savoir lequel serait le plus dur à passer, niveau anal… En rapport sans doute avec son nouveau patron…
— Qui, Saucisson ?
Ça, c’est Amaury.
— Saucisson ça rime avec hérisson, je vote pour le cactus.
Adam.
— Je vote pour le yucca, épiler un cactus c’est trop long !
Mickaël.
— Milo, ça rime avec pédalo… je suis persuadée qu’il est gay… Va pour le yucca !
Sheryl porte sa bouteille de bière à sa bouche, fière de sa tirade, alors que toute la tablée la scrute, effarée. Elle marque une pause.
— Ben quoi ?
Zach secoue la tête de dépit pendant qu’Adam ravale un rire, puis le laisse fuser.
— Sheryl, tu sais ce qu’ils te disent, les « pédalos » ?
— T’as vraiment pas d’humour, Zachary !
— Encore faudrait-il que ta blague soit, un minimum, marrante ! On en est loin !
Sheryl maintient son regard.
— Zachary rime avec « comme d’hab, t’as rien compris ! »
Mon ami lève un sourcil hautain, presque dédaigneux.
— Fallait comprendre quoi ?
— Le 20e degré de la blague, trou du cul ! »
-Chapitre 1-