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Critique de Valentia


Parfois triste, souvent drôle, et en tout cas parfaitement jubilatoire, Les ennemis de la vie ordinaire est pour moi une découverte totale et un coup de coeur absolu.
Dans son quatrième roman, publié chez Flammarion, Héléna Marienské décrit la tentative d'une psychothérapeute pour aider des addicts à s'en sortir : elle monte un groupe de parole composé de sept patients qui sont chacun accros à quelque chose d'autre : alcool et drogue bien sûr, mais aussi sexe, jeu, shopping, sport. Cette initiative inédite leur permettra, elle l'espère, de discuter ouvertement avec les autres et de mettre un pied devant l'autre en direction d'une guérison commune. Mais voilà : bien vite, le groupe échappe à tout contrôle. Ainsi, les patients si dissemblables qui avaient passé les premières séances à se mépriser, voire à s'insulter, commencèrent à s'apprécier, à se voir en dehors des séances, à lier une amitié improbables. Pour finir, alors que chacun est au plus bas, par s'installer ensemble dans un même appartement et monter des stratégies pour se renflouer, tout en s'adonnant avec joie à la polyaddiction…
Les personnages d'Héléna Marienské sont particulièrement hauts en couleurs. Prenons Jean-Charles, curé cocaïnomane et sosie du pape François, qui a pour ainsi dire sniffé toutes les subventions que le service des Monuments historiques lui avait accordées pour réparer le toit de son église. Ou Damien, professeur de littérature à la Sorbonne et sex-addict qui aime se déguiser en soldats de différentes époques pour accomplir son office amoureux. Ou encore Mylène, accro au shopping qui ne se sent coupable que des sommes qu'elle dépense et enfouit ses achats sous son lit dans d'anonymes sacs poubelle…
Ce roman est bien écrit, infiniment drôle, intelligent. Dans chacune de ces sept figures pathologiques mais, en fin de compte, heureuses, il y a un peu de nous. le livre d'Héléna Marienské nous rappelle qu'il est facile de sombrer dans une addiction, et beaucoup moins de s'en sortir. Il nous rappelle que c'est avant tout l'argent (ou plutôt le manque d'argent) qui bride nos pulsions, et qu'on est plus forts à plusieurs. Qu'en groupe, il peut parfois sembler possible de tout surmonter.
En bref, ce roman polyphonique, écrit tantôt à la troisième tantôt à la première personne (lettres ou journaux intimes) est réellement une belle surprise : drôle, passionnant, brillant.
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