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Critique de ATOS


ATOS
28 février 2019
La maladie nous expose. Nous expose à la souffrance, à la peur, à la douleur, à l'incommunicabilité, à la perte de notre identité, à l'angoisse, à l'affrontement de ce qui nous définit. A travers notre corps elle nous expose. Elle fait de nous  «  un récit impudique ». « La raconter n'est pas vraiment se faire violence, le mal est déjà fait. » Oui la vie, est « habitude », « assurance », « jouissance «  « élan ». « La vie répond à l'usage qu'on entend en faire ». Mais que faire lorsque notre corps ne peut plus lui répondre. La maladie peut faire disparaître le possible. Crée un vortex d'émotions, une « restriction », « un renoncement », une violence qui s'exerce sur soi et qui parfois nous pousse à la rediriger vers d'autres que soi. « Je me détruis de l'intérieur, progressivement , avec certitude ». Colère qui pousse hors de soi. La maladie nous pousse à devenir  « Un être du conditionnel », vulnérable. La maladie limite et nous l'imitons. Sans risques, nos espoirs s'amenuisent. «  le désir sublime le corps tandis que la maladie le dévore ». On devient malade, on devient patient, on se sent infiniment humain mais de plus en plus invisible dans le regard des autres. La maladie phagocyte. « L'histoire se terminera lorsqu'on ne parlera plus que d'elle quand on parlera de moi.Lorsqu ‘elle m'aura simplifiée à l'extrême jusqu'à ce que je ne sois plus qu'elle. Lorsqu'elle m'aura totalement dévorée ». Oui la maladie met hors de soi, elle nous dépossède, elle entrave. . Mais bien heureusement pour Claire Marin l'histoire n'est pas fini. C'est un récit rare, car celle ou celui qui est malade prend rarement la parole. Trop rassurant ou bien alors trop absent, l'entourage d'un malade est face à une impudeur qui lui revoit sa propre fragilité, son impuissance, sa propre finitude. On prend sur soi mais on ne peut pas prendre en soi cet « hors-je ». Comment alors dialoguer avec ce corps, comment le percevoir, comment l'oublier sans se perdre soi et les autres ? Oui le récit, non pas d'une maladie, mais de intériorité vécue d'un malade est assez rare je crois. Ce récit est pour toutes et pour tous. Celles et ceux qui connaissent en eux ou autour d'eux la maladie, mais aussi celles et ceux qui ne la connaissent pas. le livre de Claire Marin m'a infiniment touchée. J'ai accompagné mes parents durant les sept années d'une traversée en solitaire que leur a imposé la maladie. Cette vulnérabilité, cette colère, je les ai ressenties en eux, et par répercussion en moi. La maladie nous expose. A vivre plus farouchement, et certainement plus consciemment. La maladie m'a appris à écouter un regard et à demander aux mots leur raison d'être au présent.
« Hors de moi », le récit autobiographique De Claire marin, professeure de philosophie, a reçu en 2008 le Prix Littéraire de l' Académie de Médecine ainsi que le Prix Jean Bernard. Il est a souhaité que la lecture de ce récit soit demandée à tous les médecins, et futur médecins.
Astrid Shriqui Garain
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