L'amour est une question de chance

C'est ça la vie d'adulte ? Courir après la vie rêvée, celle que l'on nous a vendue : un travail avec du sens, épanouissant et gratifiant, dans lequel je serais reconnue, un homme dont je serais folle amoureuse et pour qui je serais la seule et l'unique, et le bébé avant trente ans. Éternelle insatisfaite, j'ai l'impression d'être un cliché ambulant, celui qui colle à la peau de ma génération.

- Même si je le voulais, je n'ai aucune idée des codes de la séduction de nos jours. Et puis, j'ai horreur de rencontrer des gens.
- Ah bon ? Je n'avais pas remarqué. C'est décidé, je te crée un compte Tinder. Steuplé, steuplé, laisse-moi être ton love gourou !

Comme dans les films, j'étais amoureuse, sous le charme de cet éphèbe trop beau pour moi. Disney l'avait prédit, mon prince charmant été arrivé.

Le truc avec le changement, c'est que c'est terrifiant et que ça demande de la volonté, un effort continu pour sortir de sa zone de confort et ne pas perdre de vue ses objectifs.

Je cède, parce que c'est lui, parce qu'il est imparfaitement parfait pour moi.

J'entends des éclats de rire masculins dans l'autre pièce. J'aime celui de Thomas, timide, un peu en retenue comme s'il avait peur de faire trop de bruit, de prendre trop de place en existant.

Peu importe ce que je choisis de toute manière, à chaque fois, là malédiction du 31 me rattrape et quelquechose de terrible et de mortifiant me tombe sur le coin de la figure.

J ai l impression de galocher une machine à laver.

Nous étions deux âmes un peu paumées qui n'auraient pas dû se rencontrer. Pourtant, nos chemins fragiles se sont croisés sur une coïncidence puis entremêlés, s'appuyant l'un sur l'autre pour grandir, s'épanouir et tisser un enchevêtrement d'évidences. Je ne veux pas qu'il devienne mon grand regret, celui que l'on cherche partout, sans cesse, celui qu'on espère secrètement retrouver un jour.

Il n’est pas le prince charmant de mon enfance, ni celui que j’aurais considéré comme mon type mais un homme normal, ni plus fort, ni plus faible qu’un autre et pourtant, il les supplante tous à mes yeux.