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Critique de oiseaulire


Grand livre épistolaire : le lecteur ne souffre pas de sa forme inachevée puisque la narratrice, Marianne, écrit l'histoire de sa vie à une amie qui connaît nécessairement le dénouement de ses aventures.
C'est plein de revirements, de revers de fortune, d'amours fous suivis d'abandons subits, de grands sentiments déguisant des intérêts personnels, de flots de larmes sincères ou de circonstance, déversés avec complaisance par les femmes comme par les hommes, et par ces derniers surtout lorsqu'ils sont prêts à trahir.
On y rencontre, il est vrai, quelques belles âmes. Cela existe chez Marivaux. On y rencontre surtout des inconstants, de redoutables mégères et de grands vilains suborneurs qui, sous couvert de charité, ensevelisent les jeunes orphelines sous de beaux discours, les exhortent à une vertu inhumaine pour mieux les soudoyer et les mener à la courtisanerie.
On y fréquente une société où la constante préoccupation est de ne perdre ni rang ni rentes, où les hommes d'église préfèrent l'apparat à la foi et exercent à l'occasion le métier de rabatteur, où l'hypocrisie tient lieu de savoir-vivre et où nul ne manque d'exercer la parcelle de pouvoir qui passe à sa portée au détriment d'autrui : le déclassement, la ruine, la folie et la mort ne sont jamais loin.
Les très fréquents rappels au devoir et à la décence sont toujours destinés à l'édification des inférieurs par la naissance ou par le sexe. Ces harangues incessantes finissent par convaincre le lecteur que les protestations de vertu n'ont pour unique finalité que de donner le change, et que la morale n'est jamais aussi absente que là où on l'invoque le plus.
On ne s'ennuie pas ; on retrouve adaptés à l'époque concernée, les éternels ressorts du monde tel qu'il va.
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