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Critique de Bruidelo


Panique d'Iphicrate, le voilà échoué avec Arlequin sur l'île des esclaves, et il sait qu'on y a pour coutume de donner aux maîtres un « cours d'humanité » consistant à les jeter dans l'esclavage pour les rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve.
Mêlant légèreté de la comédie et âpreté de la critique sociale, Marivaux se livre par ce jeu d'inversion des rôles maître/esclave à une remise en cause de rapports de classes considérés comme naturels, d'un ordre social injuste et cruel que l'on accepte par manque de réflexion, par soumission à ce qui s'impose comme la norme.
Trivelin, qui accueille les naufragés, veut, en les obligeant à se mettre à la place de l'autre, les guérir de leur aliénation, de la « barbarie de leur coeur » et Arlequin déclare à celui qui était son maître:
« j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort : eh bien, Iphicrate... on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là, tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable, tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. »

Du théâtre qui nous invite à sortir de notre bulle et à questionner l'organisation sociale, les rapports de domination, en portant de belles valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.
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