Citations sur Romy et les lumières de Paris (14)
Quand un producteur veut quelque chose, il l’obtient. Mais tu as raison, nous devons prendre en compte tes prochains tournages, car les dates de ton film suivant sont déjà arrêtées et je ne pense pas que la production allemande va attendre que tu t’entendes mieux avec Alain Delon.
Les livres ont toujours su me tenir compagnie dans mes plus grands moments de solitude.
La jeune actrice était perfectionniste et paniquait à l’idée de mal faire. Manquant parfois de confiance en elle, elle appréciait d’autant plus les compliments. Le tohu-bohu fut bientôt recouvert par un éclat de rire retentissant. Alain Delon, toujours à côté de Romy, se tordait de rire et Jean-Claude Brialy riait aussi à gorge déployée, tout en se rapprochant.
Pour elle, une histoire d’amour jouée par deux acteurs principaux qui se détestaient ne pouvait qu’être vouée à l’échec. Elle restait convaincue qu’Alain Delon n’avait aucun talent et ne comprenait toujours pas ce que sa mère lui avait trouvé. Elle avait dû se laisser convaincre par le producteur et le réalisateur du film de l’engager pour ce film.
Elle voulait devenir une vraie actrice, comme Lilli Palmer, ou bien Maria Schell, ou peut-être aussi comme sa maman, et s’éloigner de ces rôles qui lui ressemblaient tant. En apparence, car elle n’a jamais été cette jeune fille de Vienne docile, même enfant. Elle aurait aimé tester ses limites, déroger aux règles. Mais elle n’avait jamais osé.
Apparemment je joue la jeune fille que les autres filles de mon âge aimeraient être, ou bien celle que leurs parents aimeraient qu’elles soient. Mais à mon âge, tout n’est pas toujours si rose ! Les adolescentes ont aussi des problèmes, beaucoup même et compliqués…
Elle avait une mémoire photographique et une intelligence vive. Dès la première lecture, elle retenait les dialogues. Elle se laissait ensuite du temps pour réfléchir aux particularités de chaque scène, à la manière de les porter à l’écran. Marcher l’aidait dans cette recherche et dans la construction de son personnage. Sur la plage d’Ibiza, elle avançait dans ce sable fin, sous la lumière mate du soleil qui descendait sur la baie d’un bleu saphir. Elle ne voyait plus la mer, elle imaginait le lac dont il était question dans Christine.
Magda venait de toucher un point sensible que Romy préférait tenir le plus éloigné possible. Jusqu’à présent, elle avait été chouchoutée par les journalistes, recevant toutes les faveurs de la presse. Elle était cette jeune et jolie fille, innocente, bien éduquée, toujours souriante, au bon cœur, généreuse. Puis le vent de cette sympathie avait soudainement tourné. Dès que la rumeur s’ébruita que « Sissi, le destin d’une reine » marquerait la fin de la biographie amère et kitsch de l’impératrice Élisabeth d’Autriche-Hongrie, Romy fut aussitôt attaquée dans les médias. On lui reprocha son manque de reconnaissance envers les spectateurs, on commença à douter de son talent d’actrice. On lui reprochait de vouloir expressément décevoir ses fans.
Romy avait l’impression d’être un chien parfaitement dressé, obéissant aux ordres, un vrai petit soldat. Alain lui servit une coupe et Romy décida de profiter au mieux du spectacle. Les lumières se tamisèrent davantage, et dans la pénombre de la salle, cachée aux yeux de tous, Romy appuya sa tête sur la banquette, souffla et essaya de se laisser un peu aller. Être en permanence observée, critiquée, jugée, était une épreuve. Se tenir droite comme un I, penser à sa tenue, à sa coupe de cheveux, à son maquillage, à sourire, à bien manger (mais pas trop).
Romy n’avait jamais ressenti cela auparavant. La musique lui parcourait tout le corps, électrisait ses jambes, des pieds jusqu’à la tête. Une toute nouvelle sensation, une joie de vivre qu’elle n’avait jamais ressentie. Se laisser transporter sur la piste de danse par Hotte, tourbillonner, était extrêmement libérateur.