Citations sur Commandant François Chanel : 36 quai des Orfèvres (67)
Vos émotions, même fondées, ont effectivement le pouvoir de vous rendre malade.
Après 60 ans, on a irréversiblement la gueule qu’on mérite.
*-Pensez-rous que nous devrions orienter notre enquêt reg un éventuel crime rituel ?
- Je n'ai pas de réponse toute faite, mais ne sous-estimez pas l'invisible. Le mois dernier, un marabout m'a prouvé la puissance de leur sorcellerie. Il a déposé une amulette sur un tilleul rigoureux dans le jardin du musée. Le lendemain, l'arbre était mort. J'ai juste un conseil à vous donner : si vous retrouvez cette statuette, ne la touchez pas... sans protection.
Chanel croisa les bras et attendit. Le regard du commandants se promena dans ce microcosme colonialiste avec ravissement et étonnement : des fétiches à clous, des masques, des armes de jet ou de cérémonie, une échelle, des têtes d'animaux étranges et monstrueux, une tête de girafe, des peignes ciselés, des instruments de musiques inconnus, des costumes de cérémonie, des œufs d'autruche, un crâne de crocodile, de la céramique romaine, des lances et des boucliers, des sièges, et partout, des statuettes de toutes tailles fixées sur des socles. Pas du tout son style de décoration, mais ce salon de curiosités le distrayait.
Cela ressemblait à une chambre des merveilles, à ces cabinets de curiosités avec renforts d'animaux empaillés, où les bêtes vivaient une seconde vie immobile. Le préfet devait être un de ces esthètes savants, mi-naturaliste pédagogue, mi-aventurier, grand voyageur. Tout cela sentait la rareté, la pièce unique, insolite et précieuse.
L’éducation est la meilleure arme pour affronter l’avenir.
En règle générale, Laurent évitait les quadras losers. ça le ramenait trop à ses parents qui l'avaient élevé au compte-gouttes du revenu minimum d'amour, dans une abondance de marijuana et rien dans le frigo. Et que dire de ses vacances passées invariablement à Amsterdam ou au Maroc avec de la came planquée dans sa couche-culotte ? Oui ! Il avait honte de cette malfaisance familiale. Dès sa première tétine piquée dans un Leclerc, ses procréateurs, une maniaco-dépressive-picolo-écolo et un junky-parano-keupon, avaient bloqué son ascenseur social à l'entresol. Ses parents sans reproche avaient juré, en tirant sur leurs joints incandescents, que leur fils chéri n'entrerait jamais dans le moule de cette irrespirable société de consommation empoisonnée par la publicité, le mensonge et l'intérêt.
Chanel était un célibataire, un fils unique, un chercheur de vérité, un inclassable, un sans enfant, sans ami, sans parent, un sans attache, un "sans". Son plaisir était de regarder vivre les autres et d'enchaîner voyage sur voyage. Sur ces quais débordant d'humanité, il se sentit à part, mais il aimait ces anonymes qui attendaient sous le tableau des départs avec la peur de rater leur train u d'une grève surprise ou qui se disaient au revoir sur le quai en regardant l'être aimé qui s'échappait avec un sourire inquiet. Ses histoires de flic, c'était au final comme les voyages en train : on se positionnait, on attendait le bon moment et on attrapait ce qui ne vous attendrait pas.
Qu'ils soient soporifiques ou percutants, le commandant Chanel abhorrait les discours. Il préférait le murmure des aveux et le bruit intense de la respiration du présumé coupable.
La figurine est un réceptacle, un intercesseur entre sorcier et démons qui nous tourmentent