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Critique de Adolina


Ayant eu un immense coup de coeur en 2011 pour « le bleu est une couleur chaude » de Julie Maroh, j'attendais avec beaucoup d'impatience la sortie de « Skandalon », son nouveau roman graphique. C'est avec l'avidité d'un enfant le soir de Noël que je m'en suis emparé, sitôt arrivé dans les cartons. J'avais eu le plaisir de pouvoir lire quelques pages en avant première, et, bien que le thème et le graphisme me tentaient moins que ceux de « le bleu est une couleur chaude », j'étais vraiment curieuse de découvrir cette deuxième oeuvre de la talentueuse Julie Maroh.

Tout d'abord, je signale que sa couverture est très belle et significative : elle donne d'emblée le ton du roman graphique. Il met en scène Tazane, un célèbre chanteur, adulé et aimé par les foules, arrogant, imbu de lui-même, narcissique, antipathique, un homme qui ne se refuse rien et a un goût prononcé pour le scandale et la provocation. Mais ses comportements déplacés et irrespectueux trahissent un profond mal-être, c'est un homme incompris, tourmenté et torturé qui noie ses chagrins dans l'alcool et la drogue. Semant le désordre partout où il passe, nous assistons à sa déchéance progressive et irréversible. Il semble perdre le contrôle et s'enfoncer dans une spirale qui le mènera droit au fond du gouffre. Étrangement, je lui ai trouvé un je-ne-sais quoi attachant, à cet homme imbuvable. Il ose, il fait tout ce dont il a envie, il n'y a jamais rien qui le retient, ni bienséance, ni correction : cela force l'admiration aussi sûrement que ça agace et révolte. Peu à peu, j'ai fini par ressentir une grande pitié pour cet homme paumé dans une société qui n'est pas faite pour lui – ou pour laquelle lui n'est pas fait.

Pour illustrer son histoire, Julie Maroh a encore une fois déployé de grands moyens et a accompli un travail de titan. Son talent n'est plus à prouver. Elle a pris le temps de soigneusement tout peindre, elle a rempli consciencieusement chacune de ses cases en apportant un très grand nombre de nuances dans ses couleurs. Ses traits sont épais, nets, noirs et dégagent une brutalité qui trouve sa justification et sa résonance dans les actes du personnage central.

C'est une bande-dessinée qui dénonce la violence et les dangers de l'immunité inhérente au succès, immunité qui pousse les célébrités à s'arroger tous les droits en dépit du reste. C'est avant tout une bande-dessinée qui prône le respect : le respect de soi-même, qui que l'on soit, qui conduit instinctivement au respect d'autrui.

Même si au final j'ai trouvé cette bande-dessinée moins bonne que la précédente, « le bleu est une couleur chaude », elle est indéniablement de qualité et j'ai passé un très bon moment de lecture.
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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