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Critique de ClaireG


Chaque fois que je lis un livre sur les Amérindiens, j'approfondis mes connaissances et je comble des lacunes. A ce jour, je n'en ai pas encore lu un seul que je pourrais qualifier de complet.

Ma préférence va aux Indiens des Plaines, les Lakotas que nous connaissons mieux sous le nom de Sioux. Beaucoup d'entre eux sont célèbres comme Red Cloud, Sitting Bull, Spotted tail, Gall, Little Big Man, Crazy Horse, pour leur ténacité face aux envahisseurs blancs, pour leur courage face aux conditions de vie que les nouveaux arrivants leur imposent, pour leur sagesse et le respect qu'ils vouent à la nature et à l'ensemble de leur tribu.

Light Hair, Lakota Oglala, a vu le jour dans l'année-où-cent-chevaux-furent-pris qui semble être 1840. Son père, homme-médecine, est souvent par monts et par vaux pour méditer et récolter des plantes guérisseuses. le jeune garçon a pour mentor un homme aguerri, High Back Bone, qui lui apprend l'art de la chasse puis celui de la guerre. Très vite, il y excelle et développe patience, générosité et humilité. Jamais il ne participe aux Conseils que sa tribu affectionne pour y raconter ses exploits. Ce n'est qu'à l'adolescence que son père lui transmet son propre nom, Crazy Horse, lorsqu'il raconte le rêve prémonitoire qu'il a fait et qui le poursuivra toute sa vie. Depuis l'enfance, Light Hair n'a vu des blancs que des chariots, des fusils et la mort massive des siens et des bisons nourriciers. Pour cette raison, il n'a jamais approché les blancs et on ne possède aucun portrait de lui.

Il assiste à la construction des forts le long de la Piste Bozeman destinés à protéger les colons d'attaques des Indiens. A 11 ans, il voit le chef Red Cloud, confiant dans la parole des blancs, signer le traité de Fort Laramie qui octroie des annuités importantes à sa tribu pour le libre passage des chariots et des militaires. Ces annuités consistent en vêtements usagés, en nourriture avariée, en ustensiles aratoires, en casseroles et même en fusils déclassés et munitions. Red Cloud se rend compte de la duplicité des blancs et reprend les attaques et le harcèlement contre les militaires et les envahisseurs. le jeune Crazy Horse combat à ses côtés et montre son intrépidité, puis ses qualités de stratège qui en font un être charismatique fort apprécié. Il est désigné comme « Porteur de Chemise », rare distinction accordée à des hommes capables de défendre leur peuple lors des périodes critiques.

Après de multiples actes de résistance et de carnages de part et d'autre, un deuxième traité est signé à Fort Laramie en 1868 mais Red Cloud ne le signe qu'à condition que les forts le long de la Piste Sacrée soient abandonnés, ce qui arrange les blancs puisque l'extension du chemin de fer rend cette piste inutile ! le traité promet également d'immenses territoires de chasse aux Lakotas et l'interdiction pour les blancs de pénétrer dans les Black Hills, montagnes sacrées des Indiens des Plaines. Red Cloud devient le chef de la première réserve sioux. Crazy Horse et Sitting Bull refusent ces nouvelles promesses et continuent la lutte avec acharnement. Ils deviennent les Sauvages, les Rebelles, les Insoumis.

Et puis, coup de théâtre, le traité est à nouveau violé parce que des rumeurs courent qu'il y a de l'or dans les Black Hills et le gouvernement veut les acheter aux Indiens. Nouvelle ruée et nouvelles ripostes. Chaque fois que Crazy Horse ou Sitting Bull fait appel à la dignité de son peuple, des centaines de familles quittent les réserves où elles végètent pour rejoindre les chefs de guerre. En juin 1876, a lieu la bataille de Little Big Horn au cours de laquelle Custer et son 7e de Cavalerie sont anéantis.

Plus question d'acheter les montagnes sacrées, la vengeance de l'armée ne connaîtra plus de limites, ni sur les agences où s'entassent les familles qui crèvent de faim et de froid ni sur les Insoumis qui continuent à lui mener la vie rude. Cependant en 1877, après un hiver qui s'est chargé de décimer les Lakotas et les Cheyennes, Sitting Bull décide d'émigrer au Canada avec ses faibles troupes tandis que Red Cloud persuade Crazy Horse de se rendre. le 6 mai 1877, Crazy Horse arrive à Fort Robinson avec 1 200 Oglalas dépenaillés, malades et affamés. Les tensions sont vives parmi les Indiens et le jeune chef perd de son prestige.

En septembre 1877, il saisit à nouveau les tromperies des blancs et il tombe, à 37 ans, sous les coups de baïonnette d'un militaire probablement téléguidé par Red Cloud qui veut garder l'ascendant sur son peuple. C'est alors qu'il comprend la fin de sa vision de jeunesse.

Cette biographie rédigée par Joseph Marshal III, Lakota Sicangu contemporain, professeur d'université, est basée sur les histoires racontées par ses ancêtres. Crazy Horse n'est pas présenté comme un homme vertueux et parfait, loin s'en faut, mais il est considéré comme un exemple car il a su tirer le meilleur parti de ses talents et de ses capacités à diriger.

Très peu de travaux biographiques existent sur ces grands chefs, surtout Crazy Horse qui est mort très jeune, et les détails débordant à chaque page, ne sont connus que par les descendants de ces tribus lakotas chez lesquels la tradition orale était le seul moyen de transmission.

Magnifique livre pour les amateurs d'histoires indiennes. Un petit bémol cependant, la chronologie n'est pas toujours respectée et il m'a fallu faire des allers et venues pour bien saisir les enchaînements.
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