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Critique de sylvieboop24



Ceux qui ont déjà lu Romain reconnaitront son style particulier dès les premières lignes. L'écriture est remarquable, ciselée, noire et à part. J'ai retrouvé l'univers de l'auteur découvert lors de la lecture de son roman Vermines.
Une fois encore, dans ce nouveau récit, Romain s'attache à dépeindre des êtres marginaux et tourmentés. Et il réussit avec brio. Il est vrai que la noirceur humaine est sans fond.

Dans ce roman, Romain nous entraine dans les profondeurs du métro parisien où un ramassis de laissés-pour-compte vit là, si proche et pourtant si loin de ce monde « normal » grouillant, qui s'entasse sur les quais. Troupeau hébété par cette normalité imposée.

Dans les profondeurs, ce monde d'invisibles vit suivant leurs propres codes, et la violence y est omniprésente. Dans les tunnels, Claude Sorensen, tel Thor avec son marteau, et Wherter, sa compagne, effectuent méthodiquement leur ronde. Autoproclamés agents de maintenance de la RATP. Claude tape donc avec conviction sur les barres pour les « redresser » tandis que les sombres pensées de Wherter roulent et enflent sous son crâne.

Extrait page 18 :

« Enfin, lorsque mon vil et viril Sorensen a refermé si magnifiquement la porte du dernier wagon visité, j'ai eu l'irrépressible envie d'y glisser ILLICO PRESTO ma petite tête de maboule afin qu'elle pète aussi vite qu'un masochiste grain de blé noir devenu pop-corn-dément. »

Une fois terminé leur labeur nocturne, ils rentrent dans leur foyer : le terrier, où ils cohabitent avec « Fausto ». Il y vivait seul et tranquille mais le duo s'est imposé par la force, et depuis, il est à leur service. Fausto, sa rancoeur et sa colère, ça fait un moment qu'il les rumine. Un jour de trop, un billet de loto froissé jeté à la poubelle et sa colère, sa vengeance vont fondre sur les amoureux déjantés. Lui dont le nom d'avant est Patrice Brebis, va devenir un loup. Car il a un objectif : quitter le monde d'en bas pour aider son prochain. Et rien ne le freinera : sa liberté lui a été promise…

Dans ces tunnels où vivent tous ces cloportes, loin de la surface, de la normalité (mais où est la normalité ?), il y a des codes et des règles à respecter, établis par un garant, tel un juge de paix : Magnus. Il se déplace dans une chaise à roulettes hors norme qu'il manoeuvre grâce à une double pagaie de kayac. Pour obtenir une audience et demander que justice soit rendue, il faut respecter un protocole strict. Sinon gare à son courroux !

Extrait page 83 :

« - Ma miséricorde prime toujours sur ma colère. Je condamne le crime, jamais le criminel. Allons au diable nos enfantillages, Brebis ! Oublions tout ceci, Voulez-vous ? Une chance pour vous que je sois cet honnête homme, modeste fruit tombé de l'arbre droit de l'intégrité après une longue et méthodique éducation.
- … »

Mais sous terre, comme à la surface, la probité du décideur n'est pas forcément au rendez-vous. Car ici, comme ailleurs, la cupidité et le pouvoir marchent main dans la main.

Débute alors une course-poursuite dans les sous-sols qui se poursuivra à la surface où les comptes se régleront.

Romain nous offre un récit grinçant, dans lequel, tour à tour, les personnages s'expriment. le lecteur est successivement dans la tête de chaque protagoniste, donnant encore plus de force à ce thriller noir, très noir, mais bourré d'un humour féroce.
Une fois encore inclassable, mais totalement addictif.


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