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Critique de ASAI


Après avoir écouté Paul-André Martin parler très intelligemment pour présenter son livre, sur une chaîne alternative, n'étant pas tout à fait étrangère au sujet, j'ai acheté le bouquin. D'emblée, l'auteur a fait de son expérience, un roman. Même si parfois, notamment dans ses conclusions, il intervient, on le comprend vite, comme protagoniste.
L'écriture est claire, directe, ce qui autorise une lecture rapide et fluide. La plupart des chapitres se dévore comme pour un bon polar... "alors il se passe quoi après ?".
Je résume : il s'agit en fait d'une dénonciation terrible et sans appel de l'accaparement par les quelques sortis des trois grandes écoles d'Etat du pays (donc payés par nos impôts) de tous les rouages économiques, industriels et financiers, et institutionnels. Avec moult échanges entre le public et le privé. Il s'agit de la description du comportement de cette élite, qui une fois définie comme telle, n'est arrêtée par rien. Rien que l'intérêt personnel, donc la carrière.
Il s'agit de montrer le niveau incroyable et destructeur de la corruption de cette caste qui gouverne, appauvrit, dégrade, salit, le pays et ses valeurs, tout en les brandissant en menace.
L'auteur s'est évidemment largement inspiré de son histoire personnelle, mais, il est bon de préciser que ce n'est pas une autobiographie (très très loin de là), ni un témoignage. C'est bien un roman avec des personnages, Coulanges (un peu l'auteur), l'ingénieur qui n'est que technicien car il ne sort pas des trois grands corps (et pourtant lui, il bosse, lui il analyse, lui il compte l'argent public) et Ursy, l'archétype du haut fonctionnaire carriériste, dégoulinant de mépris pour les autres, manipulateur, tellement imbu de lui-même qu'il n'a rien à dire de véritable ou profond, aucune créativité, rien, c'est une coquille vide, mais qui sait plaire, avec un joli "costard" (entendre, un joli packaging), rien dedans. Il se gave sur l'Etat (qui l'a formé et propulsé à ce poste. Ils bradent l'industrie de leur pays. Puis, ils prétendent la redynamiser. Tout cela avec les milliards des gens, mais pas le leur.
On y voit les privilèges, les magouilles d'une bassesse abjecte à ce niveau, pour augmenter le remboursement des frais professionnels, pour s'offrir des petits weekends exotiques "gratos" (donc payés par les contribuables à qui on vient de demander de travailler deux années de plus, afin de payer les petites vacances de ces hauts fonctionnaires, qui font un voyage professionnel le jeudi et le vendredi à Tahiti et qui n'en repartent que le lundi ou le mardi... suivez le guide, tout sera remboursé par... l'Etat).
Je ne fais pas une citation exacte, mais il est écrit dans le livre à peu près :
Louis XIV avait dit : "l'Etat, c'est moi". (il serait judicieux de remettre cette phrase dans un contexte).
Eux, les plus hauts fonctionnaires aujourd'hui disent : "l'Etat c'est pour nous". Oui, ils se gavent, se prélassent, car ils savent qu'ils sont indélogeables, en l'état actuel.
Edifiant, démoralisant aussi, révoltant, et pourtant ce qui est raconté, d'une manière fictionnelle, est bien ancré dans la réalité d'aujourd'hui.
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