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Critique de Musa_aka_Cthulie


Je sais déjà que vous allez me dire que je le fais exprès. Or : non, je ne le fais pas exprès. Mais il faut croire qu'en matière de biographie, ou de machin vaguement biographique, il faille être constamment sur ses gardes. N'ayant pas encore réussi à parvenir au niveau de Daredevil (qui, lui, saurait rien qu'au bruit des pages qu'on tourne que la biographie est mauvaise), n'ayant également que peu de choix question biographie de Monet (soit une bio de 700 pages chez Hazan, dont les extraits que j'avais lus me rebutaient hautement, soit celle-ci de 200 pages, dont n'importe quel extrait me rebute à présent hautement), je suis mal tombée. Encore. Mais après tout, Daredevil se prend souvent des coups plein la tronche. Ce qui tendrait à prouver que j'ai le potentiel d'un super-héros de quartier (ou d'un avocat aveugle qui ne gagne pas de fric parce qu'il a mieux à faire), vu ce que certains livres m'envoient dans la figure.


Certes, dès les premières lignes, j'aurais pu arrêter ma lecture. Ça n'était visiblement pas ce que je cherchais. Après avoir dépassé le prologue et entamé le premier chapitre, intitulé "Les lunettes de Claude Monet" pour une raison que j'ai déjà oubliée, il était évident que non, décidément, ça n'était pas ce que je cherchais. Je suis désolée de me monter aussi difficile, mais quand je lis une biographie, il se trouve que j'aime bien avoir du factuel. Si c'est bien écrit, tant mieux, mais je préfère encore un style un peu sec associé à une biographie qui se tient (par là j'entends : qui éclaire la vie de Machin ou Machine) à un style qui se veut original (et qui ne l'est pas, de plus) associé à je-ne-sais-pas-comment-appeler-ça. Il y a sans doute des gens qui aiment lire des biographies juste pour le plaisir de lire. Et ça va peut-être paraître bizarre, mais pour ma part, quand je lis une bio, ben c'est pour avoir des infos. Et là, j'avais besoin d'infos sur Monet - en y réfléchissant bien, il semble que j'en aie déjà pas mal, mais que je ne sache pas m'arrêter quand il faudrait. Après tout, je n'écris pas d'essai ou de thèse sur Monet, donc pourquoi est-ce que je m'emmerde à lire ce genre de cochonnerie, je vous le demande ?


Claude Monet : Une vie au fil de l'eau, c'est.... Non. On va parler du titre deux secondes. Parce que pas besoin d'être Daredevil pour flairer un truc louche. C'est quoi ce besoin obsessionnel des auteurs et/ou des éditeurs de glisser l'air de rien les mots "eau" ou "lumière" dans presque tous les titres des bouquins qui parlent de Monet ??? Hein ??? Soit on connaît à peu près Monet et on sait que bon, la lumière, l'eau, c'est plus ou moins son truc (mais y'a quand même pas que ça qui soit intéressant chez Monet), soit on ne connaît pas ou très peu Monet et on le saura après avoir lu le livre. Que le titre comprenne "eau" ou "lumière" ou je ne sais quoi d'autre ne va pas nous donner soudain envie de nous jeter sur un livre qui parle de Monet alors qu'on n'est pas intéressé par le sujet. Bon. Passons.


Reprenons. Claude Monet : Une vie au fil de l'eau est une biographie qui commence par la fin. Enfin non. Ça commence par une vague évocation de Monet à Giverny et c'est pour ça que je trouvais cette bio déjà lourde rien qu'avec la mise en bouche. Et le premier chapitre nous parle de la mort de Monet. Bien. C'est pas la première fois que je vois ce genre de choses. "À telle date s'éteignait Machin, génie de ceci ou cela, et patati, et patata." Il existe des auteurs qui font ça bien et à bon escient. Là, je vois pas l'intérêt de commencer par la fin et je ne trouve pas que ce soit bien amené. Mais là n'est pas le problème. Je défie quiconque n'a pas en tête la date de naissance de Claude Monet d'être capable de me la donner après lu cette biographie. Je ne parle pas de me donner le jour et le mois (ce qui serait un chouïa exagéré), mais juste l'année. C'est pas indiqué. le chapitre qui parle de la mort de Monet ne donne d'ailleurs pas la date de sa mort, il faut recouper les infos péniblement glanées durant la lecture du chapitre pour en tirer une conclusion. Quant à l'année de naissance, il faut carrément s'adonner à des calculs en fonction de l'âge qu'il avait l'année de sa mort pour la connaître. C'était compliqué de dire que Monet était né en 1840 ? La même année que Rodin ? Hein ? Bon, perso je m'en fous, j'ai lu tellement de fois ces dernières semaines "Monet est né le 14 novembre 1840" et "Monet est mort le 5 décembre 1926" que je dois même le dire tout haut en dormant. Mais Machin... comment il s'appelle déjà (comme quoi ma mémoire épisodique fonctionne quand elle veut)... ah, voilà, Frédéric Martinez, l'heureux auteur de cette biographie sur Claude Monet, il pouvait pas se forcer un peu pour donner au moins l'année de naissance de Monet en début de biographie ? Il faut croire que non. Reportez-vous à la fin de l'ouvrage, au chapitre "Chronologie" (ah ben oui, quand même !) Pour le reste...


Pour le reste, il faut croire qu'une biographie qui s'amuse constamment avec la chronologie, c'est plus fun. À bas la chronologie ! La chronologie, c'est daté, désuet, obsolète ! On va plutôt jouer au biographe spatio-temporel, on va passer en vitesse supraluminique, faire de joyaux bonds dans l'espace-temps, au risque de jouer avec les lois du multivers ! Or vous savez tous que jouer avec les lois du multivers, c'est D-A-N-G-E-R-E-U-X. Et c'est mal. Mais Frédéric Martinez, il le sait pas. Donc, je défie quiconque lirait cette biographie de s'y retrouver ici sans déjà pas mal connaître les grandes lignes de la vie de Monet. On nous parle d'une Suzanne, d'une Alice, mais c'est qui ? Eh ben il faut lire six chapitres de plus pour le savoir. C'est malin, hein ? Nan, mais la chronologie, c'est carrément pas tendance.


C'est mieux de ne pas permettre au lecteur de savoir où et quand il se trouve et de lui asséner des clichés sur Monet, sur Giverny, sur la peinture académique... (Oui, alors j'ai remarqué ces derniers temps que beaucoup de gens écrivant des livres ou des articles trouvaient très tendance de se moquer de la peinture académique et d'encenser l'impressionnisme, comme si on avait l'air extrêmement avant-gardiste au XXIème siècle avec ce genre de posture). C'est mieux d'écrire des trucs sur Ophélie, les naïades, les nymphes, les... Oui, oui, vous avez bien lu, ça parle de naïades et de nymphes, parce que l'eau, ça va avec Monet, et les nymphes, ben ça va avec les nymphéas. Oui. le chapitre en question s'intitule "Virgin Suicide". Hum. Donc en gros ça parle de tout et n'importe quoi, on fait un peu semblant d'être avec Monet, ou d'être à la place de Monet ou à la place de sa femme, ou à la place de n'importe qui, d'ailleurs, enfin bref, on fabrique des falbalas et des chichis, on prend des faits (car c'est quand même basé sur la vie de Monet et on peut récupérer quelques détails de sa vie, en s'accrochant bien) qu'on enrobe de toutes ces fanfreluches et ensuite on la fait publier chez Taillandier et on met en rogne Steffi parce qu'elle en a marre de lire du grand n'importe quoi alors qu'elle a pas que ça à faire.


Franchement, je ne devrais écrire ça à mon âge parce que ça fait ringard de vouloir employer un vocable qu'on ne maîtrise pas, mais, allez... J'ai le seum.
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