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Critique de Allantvers


Je ne m'attendais pas à trouver dans la liste des Nobel un petit frère de Jack London de ce côté de l'Atlantique : passé par tous les métiers manuels comme lui, expérience maritime comme lui, expérience de la route également et comme lui devenu écrivain dit prolétarien, Harry Martinson comme Jack London dans Les vagabonds du rail évoque ici le sort des « hobos » qui, dans la Suède du début du 20ème siècle s'est vidée de la moitié de sa population au profit de l'Amérique et a jeté sur les routes ceux dont l'industrialisation naissante ne voulait plus.
Ou qui eux-mêmes ne voulaient pas de cette vie nouvelle asservie à la machine, et ce sont ces vagabonds-là qui irradient de leur lumière ténue mais puissante dans ce roman magnifique. Des hommes conscients de leur dépendance à la misère, aux peurs qu'ils inspirent à la société, conscients donc que la route n'est pas la liberté mais farouchement décidés à mener leur chemin dans les espaces libres de ces chaînes qui étaient en train d'envahir toute la société moderne, quelque interlopes que soient ces espaces.
En une suite de tableaux, on suit Bolle, artisan cigarier qui, voyant disparaître son métier d'artisan, puis partir son précieux collègue et sa promise pour l'Amérique, se fait trimardeur. Par ses yeux, on voit les regards suspicieux, apeurés ou haineux des bonnes gens auprès desquels il mendie, mais on perçoit également la plénitude d'un homme qui a choisi de se donner le temp de voir se coucher le soleil ; par ses sens, on ressent la faim, le froid, la frustration du mâle, mais aussi une capacité de pénétration du sens profond des choses ; par ses mots enfin, dans les nombreux échanges de haut vol avec ses frères de galère qui émaillent le roman, on perçoit tantôt la solidarité tantôt la défiance, ici l'espoir et là le découragement, mais toujours une vision lucide de la condition humaine autant qu'une fierté princière à ne pas renoncer.
Une splendide découverte qui me donne envie d'aller vers les oeuvres poétiques de cet auteur méconnu.
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