AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CarlmariaB


Même si en 1945 le plan Morgenthau n'a pas été mis à exécution (transformer l'Allemagne en un grand champ de blé, voire de betteraves pour la fantaisie), la Prusse a quand même bien ramassé : un bout en Pologne, un bout en Russie, le reste entre les länder de Brandenbourg et de Mecklembourg, preuve qu'on avait quand même fini par bien identifier où nichait l'aigle noir militariste qui avait rempli nos cimetières. La Loi no46 du 25 février 1947 le désigne: « L'État de Prusse, qui a été depuis les temps anciens le berceau du militarisme et de la réaction en Allemagne a cessé d'exister ». Youpi.
Depuis le 18 mars, et jusqu'au 28 mai, on célèbre l'anniversaire de l'un des épisodes de notre relation sanglante avec la Prusse. Ce 13 avril, il y a cent cinquante ans, tandis que l'armée prussienne sous les ordres du comte von Moltke resserrait le blocus sur la Seine, perquisitionnait les maisons et recevait tous pouvoirs de police et de justice, la barricade de la rue de Rivoli -photographiée par Braquehais – grandissait, grandissait et Gustave Courbet créait la Fédération des artistes de Paris pour que l'art s'exprime librement « dégagé de toute tutelle gouvernementale ». J'aime l'humanité, celle qui a retenu Courbet et oublié von Moltke, ou ses complices Français, comme Jules « Il faut châtier Paris ! » Favre. Marx l'allemand ne portait guère les Prussiens dans son coeur et rappelait une de leurs spécialités:
« les Prussiens, en France, avaient rétabli l'usage de prendre des otages, gens innocents qui avaient à répondre au prix de leur vie des actes des autres. ». Il rappelle aussi que Bismarck haïssait les villes, où grandissait le SPD, parmi les ouvriers, à ses yeux des menteurs tout entier dédiés à tromper les paysans (refrain connu et repris, la terre, elle, ne ment pas). Il rappelle enfin que les traîtres, prêts à pactiser avec l'envahisseur se trouvaient au sommet de l'Etat.
« Bismarck contemple avec satisfaction les cadavres du prolétariat de Paris, où il voit le premier acompte de cette destruction générale des grandes villes qu'il appelait de ses voeux alors qu'il était encore un simple rural dans la Chambre introuvable de la Prusse de 1849. Il contemple avec satisfaction les cadavres du prolétariat de Paris. Pour lui, ce n'est pas seulement l'extermination de la révolution, mais l'extermination de la France, maintenant décapitée, et par le gouvernement français lui-même. ».
C'est écrit dans le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, « tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois ». Mais dans le cas de la Prusse, l'exception confirme la règle : la première fois comme tragédie, la seconde fois aussi.
Commenter  J’apprécie          327



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}