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Critique de noann


noann
22 février 2014
Moralopolis est en fait la ville de Paris, dans un futur proche. C'est la cité de la perfection morale, du moins si l'on en croit la présidente et les associations féministes, qui ont pris le pouvoir. En pratique, tout ne se déroule pas de façon harmonieuse, et encore moins démocratique. Les lobbies féministes ont le dessus, les femmes sont victimisées, elles profitent du moindre écart de conduite pour se plaindre des hommes, lesquels doivent passer des stages de redressement sexuel pour apprendre à contrôler leurs pulsions. L'eugénisme est à la mode, la sélection des êtres humains en vue d'éliminer toute tare, en particulier la propension au viol.

C'est dans ce contexte que grandit Franck. Il est le fruit d'un couple contestataire, qui a refusé de s'aligner sur les conseils des autorités en matière de prévention génétique. Voici Franck en 2050, à l'âge de 25 ans, amoureux, prêt à se marier. Il reste une formalité : le test de conformité exigé par sa future épouse. Celui-ci se révèle positif ; Franck a le gène du viol, ce qui lui donnerait une tendance à passer à l'acte. La jeune femme le rejette immédiatement. Franck en conçoit une vive amertume. Désespéré, il tente de conquérir une collègue, mais il est maladroit et elle dépose plainte pour agression. Franck est condamné à un mois de redressement, durant lequel son amertume ne fera que grandir. Loin de le faire rentrer dans l'ordre, cette condamnation fera de lui un être fourbe. Sa gardienne s'éprendra pourtant de lui, ignorant ses idées funestes.

Cette histoire, rondement menée et bien argumentée, est portée par quelques idées qui vont à l'encontre de la bien-pensance actuelle. Dès lors, on ne s'étonnera pas que ce livre n'ait pas eu le succès qu'il mérite. En effet, la tendance actuelle est au féminisme parfois radical – lequel ne vise plus l'égalité des sexes, qui est acquise, mais la suprématie de la gente féminine, voire la domination du genre masculin.

Dans Moralopolis, l'auteur exploite brillamment ce phénomène de société, et montre par l'exemple ce que pourrait être le monde si ces dérives aboutissaient. Bien entendu, il faut, comme dans toute oeuvre d'anticipation, admettre un postulat. Dans ce cas-ci, l'hypothèse qu'un mouvement totalitaire hostile à l'homme prenne le pouvoir. Mais une fois cette hypothèse admise, tout se met en place avec une logique implacable autant que diabolique. L'histoire prend alors un tour réaliste, et l'on est effaré de voir se dérouler l'horreur, d'autant que le talent de l'auteure nous rend les événements crédibles.

Catherine Marx a des opinions bien tranchées et très exhaustives sur les questions liées au droit d'user de son corps, à la sélection biologique de l'espèce, au sectarisme… Et elle nous les démontre de façon éclatante.

Lien : http://livrogne.com/2014/02/..
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