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Critique de read_to_be_wild


« Il évoqua les ghettos de Lodz et de Varsovie, les persécutions, les meurtres affreux le long des routes. On lui prêta une oreille compatissante, mais c'étaient des affaires de gadjé en vérité, à quoi bon s'en mêler? Les Tziganes sont un peuple sans mémoire, peut-être est-ce là la condition de leur survie : oubliés les persécutions du siècle précédent, les cinq cents ans d'esclavage en Roumanie, le joug pesant, humiliant de Marie-Thérèse de Hongrie et le pourtant très récent Zigeuner Buch allemand. Mais les mots du gadjo juif avaient quand même semé le trouble dans les esprits; aussi vinrent de longs mois incertains, comme suspendus dans l'attente d'un signe, bon ou mauvais. »

Avant que le monde ne se ferme, Alain Mascaro @alainmascaro @jailu_editions

Le génocide des Tziganes! On en parle trop peu… et pourtant il fut terrible, définitif en quelque sorte!

Avec talent, l'auteur nous le raconte à travers le destin de la famille Torvath, gens du cirque et de la route, et plus particulièrement à travers l'odyssée d'Anton, rescapé des camps…

« Plus rien ici ne ressemblait à la froide et implacable géométrie d'Auschwitz, une démence désordonnée, panique, s'était emparée du camp depuis que les derniers convois étaient arrivés en provenance d'autres Lager. Mauthausen était surpeuplé. Mauthausen était un charnier à ciel ouvert. Les blattes n'étaient plus maîtresses de la mort. le typhus se propageait. La faim était devenue un despote absolu, on murmurait qu'elle avait poussé çà et là les mâchoires des vivants à se planter dans la chair des morts. C'était bien la seule chose qui semblait faire peur à Katok, ça, que des dents humaines se plantent dans sa chair humaine. Il disait que c'était le dernier bastion, celui qu'il fallait à tout prix tenir […] »

Il y a beaucoup d'humanité dans ce récit, d'entraide, c'est ce qui m'a le plus émue… il y a la volonté aussi, de tenir, de survivre, de se reconstruire… quoi qu'il en coûte!

« Il était comme Ulysse s'en allant chercher Tirésias aux enfers pour lui demander conseil- reverrait-il Ithaque ? - et rencontrant les spectres de ses compagnons de combat, celui de sa mère et ceux des suppliciés.
Mais était-ce seulement possible de revoir Ithaque ? »

L'horreur, l'inhumanité des camps… mais ensuite la route, le chemin parcouru, les rencontres faites… il y a aussi beaucoup de lumière dans ce roman qui est comme un chemin de vie…

« Ne sois pas effrayé par les idées de vengeance qui te traversent l'esprit, mon garçon, tu es en droit de vouloir te venger, rien n'est plus légitime, mais jamais la violence n'a résolu quoi que ce soit; tu dois trouver autre chose, quelque chose de beau, de symbolique, quelque chose qui te purifie au lieu de te salir, sans quoi tu ne pouras pas aller de l'avant, toujours le poids de ta vengeance te tirera en arrière… »

Cette histoire, celle d'un « fils du vent nommé Moriny Akh » est un très bel hommage aux Tziganes; elle leur rend leur place, leur humanité, la lumière de leur vie d'errance et de joie!

« Au tout début de la route, ce qu'elle avair préféré, c'étaient les villes, la beauté des monuments, les temples antiques, les aqueducs, les ponts, les mosquées, les médersas, toutes ces traces indéniables du génie humain. […] Elle avait ensuite été fascinée par les gens, les autres, avec leurs moeurs souvent étranges, leurs habits, leur nourriture, leur dénuement parfois, leur hospitalité ou leur hostilité. […] et qu'il y avait en fait un fonds commun à toutes les cultures et à tous les hommes. »

C'est une ode à la vie de ces nomades, faite de rencontres, de partages et de découvertes, une vie simple et authentique à la fois… une vie pas si différente des nôtres!
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