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Critique de PommeBleu


PERCUTANT et ARGUMENTE

En 10 chapitres bien structurés, Frédéric Masquelier analyse le phénomène de la bureaucratie.
Pour commencer, un bref rappel historique relate les différentes formes d'administration : en Égypte, les scribes archivent les écrits (scribouillards), Rome possède une administration puissante pour collecter l'impôt, la monarchie absolue est centralisée, François 1er avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts instaure le français pour tous les documents administratifs y compris l'état civil, Richelieu, Colbert, Napoléon (inflation de fonctionnaires obéissants), la révolution française " le pouvoir politique change mais l'administration reste" ...etc.
La révolution industrielle offre la prospérité, la santé, l'instruction. On a foi en la raison et en la croyance dans le progrès.

Tout va bien (Les 30 glorieuses sont une période faste) jusqu'à la bascule !

La bascule arrive avec le 1er choc pétrolier en 1973. Depuis 1974, les comptes publics sont en déficit. La dérive de la bureaucratie a des effets néfastes comme
- le découragement des forces vives (fuite des chercheurs, baisse des effectifs à l'hôpital, dans la police et l'enseignement),
- la fabrique des gilets jaunes (l'état contraint toujours plus)
- trop de privilégiés déconnectés de la vie réelle

Pourtant, la bureaucratie est utile et permet la continuité de l'état : souvenons-nous de la Belgique qui est restée 290 jours sans gouvernement. Max Weber (1864-1920) économiste et sociologue allemand, explique que la bureaucratie (prusse) est intègre et disciplinée contrairement au politique qui est associé à l'abus et l'usurpation.

L'auteur Frédéric Masquelier qui a été récompensé de la Marianne d'Or de la République en octobre 2022 pour sa politique de lutte contre la bureaucratie, décrit à merveille les dérives de la bureaucratie. J'ai eu tendance à souligner de nombreuses idées tant elles sont bien expliquées (voir les citations).

L'administration garantit l'État de droit, le politique assure la démocratie.
Mais il y a dérive quand
- la bureaucratie accélère la centralisation du pouvoir "tout se décide en haut" cf période Covid ou les collectivités locales ont été ignorées. (L'État ayant le budget ...(Taxe d'habitation).
- le cloisonnement des bureaux, le cloisonnement des informations et le jargon ne simplifient pas la compréhension et l'efficacité.

À cela, il faut ajouter l'immobilisme et l'irresponsabilité (l'administration n'est pas responsable : "le roi ne peut mal faire"). Chacun se souvient du refus persistant de François Mitterrand de reconnaitre la responsabilité du gouvernement français dans la collaboration, ce que corrigea avec dignité Jacques Chirac en 1995.

Mais ce n'est pas tout : Il y a la dérive financière.
Le phénomène du 1000 feuilles : à chaque élection, il se crée une nouvelle administration avec un directeur "ami" sans pour autant supprimer l'ancienne. C'est grave et on peut reprocher aux élus de ne pas s'intéresser aux débats budgétaires. Chaque année, 90% des dépenses sont reconduites mécaniquement !

À cette liste à la Prévert, il faut ajouter les Normes, Procédures, Certifications avec l'émergence des experts et cabinet-conseils privés choisis et non pas issus des concours (voir citation page 164).
L'automatisation informatique termine de déshumaniser les rapports que le citoyen est en mesure d'attendre de l'administration.

Le constat est sévère et très souvent appuyé par des exemples concrets vécus par le maire de Saint-Raphaël.
Devant le monumental problème, il est temps que le politique (qui est élu) se reprenne en main, oublie un peu sa "carrière" pour se consacrer aux difficultés de notre vie citoyenne actuelle et future !

La conclusion de Frédéric Masquelier :
C'est pourquoi j'ai écrit ce livre : pour encourager chacune et chacun à ne pas se résigner devant les pesanteurs d'un État malade qui peine à se réformer.
Ce sont bien nos libertés qui sont en jeu.

Merci à Babelio et les Editions Hermann pour cette belle lecture édifiante !

Essai à lire sans modération !
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