Le premier oublié

Cyril Massarotto, c'est ce trublion sympathique de "Dieu est un pote à moi", ce conteur extraordinaire de "LAa petite fille qui aimait la lumière", c'est surtout cette capacité de faire cohabiter dans ses romans autant de drôlerie que d'émotions. "Le premier oublié" n'échappe pas à la règle. Nous plongeons dans l'univers familial de Thomas, Juliette, Robert et Madeleine avec un personnage peu sympathique qui s'invite à la fête: Mr Alzheimer. Ce roman alterne les points de vue, pensées, de Thomas et de sa mère Madeleine dans ce douloureux chemin. Tour à tour on découvre la folie dans laquelle s'enfonce Madeleine, ses efforts pour résister à l'oubli et on écoute Thomas nous raconter son quotidien et surtout son amour inconditionnel pour sa mère. Ce qui aurait pu être un texte larmoyant ne l'est pas. Ici tout se joue dans la subtilité, au creux des mots qu'on ne dit pas, qu'on devine au gré des points de suspension. Et chose extraordinaire malgré le sujet, on sourit beaucoup durant cette lecture. Il y a de l'intelligence dans l'écriture de Cyril Massarotto, celle de toujours nous tenir sur le fil des émotions sans qu'aucune ne l'emporte sur l'autre. Je referme ce livre avec l'impression d'avoir vécu un beau moment, empreint de douceur et d'amour.