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Citations sur Nel regno degli spiriti famelici (10)

10. « Est-ce que cela signifie que les amis, les proches ou les collègues d'un toxicomane n'ont pas le droit de discuter avec lui au sujet de ses choix ? Si, au contraire. Mais si une telle intervention veut avoir un espoir de succès – et non empirer davantage la situation – elle doit être réalisée avec amour, de façon honnête, non contaminée par le jugement, le désir de revanche, ni sur un ton de refus. Elle nécessite la clarté des intentions : mon but est-il de fixer mes limites et d'exprimer mes besoins ou suis-je en train d'essayer de changer l'autre ? Tu peux estimer nécessaire, par exemple, de dire à ton conjoint ou à ton enfant adulte que ses actes t'influencent négativement, non pas afin de le contrôler ni de le blâmer, mais seulement pour signifier ce que tu es disposé à accepter et ce avec quoi tu ne saurais vivre. Encore une fois, tu es pleinement légitime à faire les pas que tu estimes nécessaires pour ta tranquillité. La question est de savoir dans quel esprit tu conçois l'interaction. Si tu veux adresser le toxicomane vers des possibilités plus épanouissantes dans sa vie, laisse tomber l'hypocrisie ! » (p. 411)
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9. « […] Se libérer de l'étau de l'addiction requiert la conscience de soi : la conscience que nous sommes boiteux et stressés, de comment nous négligeons nos émotions, nous restreignons l'expression de nous-mêmes, nous anéantissons notre élan humain inné vers les activités créatives et significatives, nous nions nos besoins de connexion et d'intimité. […] Lorsque nous sommes vraiment sobres, nous considérons le passé avec de la compassion pour notre moi addicté et, tels l'enfant Pinocchio qui regarde son moi en bois affalé sur une chaise, nous secouons la tête en disant : "Comme j'étais bête quand j'étais un pantin !". » (p. 408)
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6. « L'on pense communément que l'affiliation entre pairs conduit à l'usage de drogues car les jeunes échangent le pire. Cela est vrai en partie, mais une raison plus profonde, c'est que normalement les adolescents qui comptent sur camarades de leur âge pour leur propre acceptation émotionnelle sont plus sujets à être blessés, à faire l'expérience de la rudesse réciproque dans leurs comportements immatures et peu sensibles à la relation. Ils sont beaucoup plus stressés que les jeunes bien connectés avec l'éducation des adultes. […] Ceux qui ont perdu le contact avec les adultes et s'adressent à la cohorte de leur âge se trouvent au contraire obligés de se renfermer émotionnellement afin de se protéger. Comme nous l'avons vu avec les enfants maltraités chez eux, le renfermement émotionnel […] augmente considérablement la motivation à faire usage de drogues. » (p. 295)
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8. « [D'après un entretien avec le Prof. Jaak Panksepp] "Le libre choix ne peut naître que de la pensée, non des émotions. Il découle de la capacité à réfléchir à ses propres émotions. Lorsque l'on agit sous l'emprise de l'habitude, l'on éprouve des sensations mais sans y réfléchir. Elles sont trop puissantes, trop liées à l'habitude. Donc le traitement des addictions requiert un 'îlot de soulagement' où les motivations d'une personne ne soient pas constamment guidées par l'impératif de soulager la souffrance. Et pour que cela advienne, un environnement social complexe et solidaire est nécessaire."
La question centrale pour envisager une politique non-cruelle par rapport à l'addiction, c'est donc comment créer un tel 'îlot de soulagement'. » (p. 331)
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7. « Nous pouvons donc affirmer que dans le monde de la psyché la liberté est un concept relatif : le pouvoir de choisir n'existe que lorsque nos mécanismes mentaux automatiques sont subordonnés aux systèmes cérébraux capables de maintenir une conscience de soi éveillée. Chacun fait l'expérience d'une plus grande ou moindre liberté selon la situation où il se trouve, compte tenu des interactions et du moment. Toute personne ayant des mécanismes cérébraux automatiques habituellement surchargés a une capacité réduite de prendre des décisions libres, surtout si les parties de son cerveau qui facilitent le choix conscient sont endommagées ou insuffisamment développées.
Nous avons dit que l'addiction est comme un segment, à une extrémité duquel vit le toxicomane addicté aux drogues dures par voie intraveineuse, irrémédiablement soumis à son addiction. La plus grande partie des être humains se situe quelque part sur cette ligne, entre un certain esclavage vis-à-vis d'habitudes destructrices d'un côté, et la conscience totale et le non-attachement absolu de l'autre. Exactement de la même manière, la liberté de choix peut être représentée elle aussi comme un continuum. De façon réaliste, très rares sont ceux qui opèrent leur choix à l'extrémité positive, dans une vraie conscience et une liberté constante. » (pp. 318-319)
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5. « La maturation psychologique, c'est le développement d'un sentiment de soi séparé de l'expérience intérieure, une capacité qui est totalement absente chez l'enfant. L'enfant doit apprendre à ne pas s'identifier au sentiment dominant chez lui à un moment donné. Il peut ressentir quelque chose sans pour autant que ses actions soient dictées automatiquement par son ressenti. Il peut être conscient d'autres sentiments contrastants, ou de pensées, de valeurs, d'engagements qui peuvent s'opposer à la sensation de l'instant. Il peut choisir. Chez le toxicomane, cette expérience des "sentiments contrastés" fait souvent défaut. Les processus émotionnels gouvernent sa perspective : son ressenti du moment, quel qu'il soit, tend à définir sa vision du monde et à prendre le contrôle de ses actes. » (p. 257)
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4. « Les trois systèmes cérébraux qui prévalent dans les addictions – le système opioïde d'attachement-récompense, l'appareil incitatif-motivationnel basé sur la dopamine et les aires d'auto-régulation du cortex préfrontal – sont tous strictement déterminés par l'environnement. Chez toutes les personnes ayant une addiction, ces systèmes sont plus ou moins instables. Cela vaut également, comme nous allons le voir, pour le quatrième système cerveau-organisme associé à l'addiction : le mécanisme de réponse au stress.
Les interactions émotionnelles heureuses et en syntonie avec les parents stimulent la libération d'opioïdes endogènes dans le cerveau du nouveau-né. Cette giclée d'endorphines renforce la relation d'attachement et le développement ultérieur des circuits des opioïdes et de la dopamine chez l'enfant. […] Un développement sain de ces systèmes importants – qui président à des pulsions essentielles comme l'amour, l'empathie, le soulagement de la douleur, le plaisir, l'incitation et la motivation – dépend donc de la qualité de la relation d'attachement. Lorsque les circonstances empêchent le nouveau-né et l'enfant de vivre des interactions constantes et sécurisées, ou pis, qu'elles l'exposent à des interactions douloureusement stressantes répétées, souvent un mauvais développement s'ensuit. » (pp. 218-219)
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3. « Nous avons déjà vu que les circuits cérébraux de la motivation et de la récompense sont impliqués dans les comportements d'addiction. Dans ce chapitre nous considérerons les preuves scientifiques qui suggèrent que l'addiction bloque également les 'circuits de l'autorégulation' dont le toxicomane a besoin pour choisir de ne plus l'être. […] Tout comme pour les activités motrices, nous avons découvert quelles parties du cerveau président à la volonté et au choix en étudiant des personnes ayant subi des lésions cérébrales. [… Or ces dernières parties du cerveau] sont également compromises dans les cas de toxicomanie. Quel est le résultat ? En plus des mécanismes puissants d'incitation et de récompense qui provoquent le désir des drogues, les circuits qui normalement pourraient inhiber et contrôler ces mécanismes ne sont plus à la hauteur de leur tâche. Au contraire, ils sont complices dans le processus d'addiction. Double échec : le gardien aide les voleurs. » (p . 196)
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2. « La drogue, en résumé, ne transforme personne en toxicomane, pas plus que la nourriture ne transforme aucun en boulimique. Il doit exister une vulnérabilité préalable. Il doit aussi se produire un stress significatif, comme celui des militaires ; cependant, tout comme les drogues, les facteurs de stress extérieurs seuls, aussi graves soient-ils, sont insuffisants. […] Par conséquent, on pourrait dire que trois facteurs doivent coexister pour que l'addiction à des substances se développe : un organisme prédisposé, une drogue possédant un potentiel addictif et une situation de stress. » (p. 168)
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1. « L'addiction fondamentale, c'est le sentiment éphémère de ne pas être addicté : ce à quoi l'addict aspire le plus, c'est l'absence de ce qu'on nomme le 'craving', le désir incontrôlable de céder à sa propre impulsion. Pendant un instant, il se libère du vide, de l'ennui, de l'absence de sens, du désir, du conditionnement ou de la souffrance. Il est libre. Son esclavage vis-à-vis de l'objet de son addiction – qu'il s'agisse d'une substance, d'une chose ou d'une action – consiste en l'impossibilité, dans son esprit, de se libérer du désir ou de l'angoisse. "Je n'ai aucun espoir, aucune crainte, dit Zorba le Grec, je suis libre." Rares sont les Zorba parmi nous. » (p. 137)
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