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Critique de CaroGalmard


Nicolas Mathieu, c'était un peu le pote de jeunesse qui te rappelait tes années lycée dans Leurs enfants après eux. Tu te souviens la crâneuse ? Et celui qui mangeait ses crottes de nez en cours ? Et cette fête improbable pour le bac dans la grande maison du fils du médecin ? Et cet été où la mono de colo avait selon la légende couché avec tout le monde ? Et l'autre qui descendait la rue en se la pétant avec sa mobylette ?
Et les parents qui nous agaçaient. Trop vieux, trop tièdes, trop mous, trop méfiants. Englués dans leur petite vie médiocre. On y est là, non ? On retrouve bien ce coeur qui bat trop fort pour la belle voisine de cours de science dont on frôlerait bien la main à défaut de la jambe ou d'un début de poitrine. On retrouve le souffle court et cette impression d'étouffer dans la ville trop calme, trop province, trop épié par ses parents et leurs copains beauf du même acabit. Eh oui parce qu'à 15 ans on est bouffi d'illusions, d'ambition.
A 40 ans on est toujours bouffi. Cette fois-ci, c'est la bouffe trop riche, les nuits trop courtes et trop alcoolisées. Les désillusions pesantes que l'on traine comme on trainait avant un cartable trop lourd. Ces 40 ans, Nicolas Mathieu nous les raconte, en vieux pote qu'on retrouverait après quelques années d'absence.
Il finit les phrases que l'on commence, et prononce celles que l'on n'ose même pas dire à haute voix. Il dépeint cet âge où l'on fait la part des choses entre les vieilles illusions qui nous collent à la peau et nous grattent comme un vieux pull en laine feutré, et ce que l'on peut vraiment être en acceptant d'entrer enfin dans la réalité. de quitter ces limbes d'une adolescence qui s'étire, moribonde, et couvre l'instant d'un linceul d'irréalité.
A 40 ans on ne triche plus. On choisit. Sinon on s'aigrit, on se recroqueville sur un quant-à-soi stérile. A 40 ans on n'est plus seulement le fils ou la fille de. On est aussi le père ou la mère de. Et un peu aussi les parents de ses parents. Une bascule à vivre, à intégrer qui fait ressortir tant les blessures que les trésors de l'enfance.
Et puis il y a aussi le portrait savoureux des excès et aberrations de la conjonction entre les consultants et les collectivités. Accrochez-vous, ils prennent cher aussi. C'est à qui brasse de l'air en gagnant le plus d'argent, ou en en dépensant le moins, selon le côté de la barrière où l'on se situe. Et que je te balance du petit chef compliquant les process pour mieux régner sur un domaine obscur où son incompétence se perd dans les méandres poussiéreux de l'administration. Et que je te dépeins l'univers impitoyable des consultants qui débitent des anglicismes flanqués de graphiques et de concepts qui disent tout et rien, au tarif de 2000 € la journée. Et les forces s'équilibrent aux frais des contribuables qui payent les collectivités qui payent les consultants pour leur dire qu'ils font presque bien leur travail, mais sans trop les bousculer. Il ne faudrait quand même pas qu'ils se mettent à travailler ni qu'ils deviennent réellement efficaces…

Voilà ce que Nicolas Mathieu vous présente, vous narre dans ce très bon roman. Qui n'a pas le charme de la première fois de Leurs Enfants après eux, mais qui vaut le détour, pour en apprécier le regard acéré et la plume vraie et fluide.

Alors, faut-il le lire ? Oui !!! Seul effet indésirable notable : vous risquez d'avoir très souvent les Lacs du Connemara dans la tête, où on n'accepte pas la paix des gallois ni celle des rois d'Angleterre…
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