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Critique de Andromeda06


« Terre brûlée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c'est pour les vivants
Un peu d'enfer, le Connemara
Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C'est le décor du Connemara »

Cette chanson sortie en 1981, tube éternel de Michel Sardou, nous accompagne durant toute notre lecture. Elle est là, dans les années 1990, quand Hélène et Christophe reviennent en arrière et évoquent leurs années collège et lycée : elle passe lors des fêtes entre potes, lors des sorties en boîte ou après les matchs de hockey. Elle est encore là alors qu'ils ont aujourd'hui passé la quarantaine : elle passe pendant la fête de Noël organisée par le boss ou pendant le mariage de Greg. Elle donne le rythme, tantôt lent, tantôt saccadé, un peu en cadence avec la vie d'Hélène et de Christophe.

Ces derniers viennent de se retrouver alors qu'Helène s'est installée depuis peu dans sa région natale. À la limite du burn-out, elle a convaincu son mari de quitter Paris afin de ralentir un peu. Mais entre ses ambitions professionnelles, ses deux filles et son mari lui-même carriériste, son quotidien reste souvent surmené. Consciente d'avoir atteint son objectif, celui de s'élever socialement, il lui manque pourtant quelque chose, qu'elle n'arrive pas à définir. le temps passe et elle se demande où elle a bien pu se planter.

Christophe, quant à lui, vend de la nourriture pour animaux et sillone souvent les routes. Séparé de la mère de son fils, ce dernier vit chez lui en alternance, dans la maison familiale qu'il partage avec son père, dont les signes de la vieillesse s'incrustent de plus en plus. Boulot et apéros font le quotidien de Christophe et le temps passe pour lui aussi : il s'éloigne de plus de plus du temps où il était la star de son équipe de hockey. Et pourtant, on vient de lui proposer de l'intégrer à nouveau. Alors tout est encore possible...

"Connemara" est un roman avec beaucoup de potentiel, car très approfondi, tant dans son contexte que dans la psychologie des deux personnages principaux. Malheureusement, je n'ai accroché ni avec l'un, ni avec l'autre.

Les événements se déroulent quelques mois avant les élections présidentielles de 2017, alors que la nouvelle carte des régions vient tout juste d'être réformée, ce qui permet à Hélène et ses collègues de ne pas chômer. Cette dernière travaille dans un cabinet de conseil, mais je n'ai absolument rien compris de ce qu'elle y faisait, le vocabulaire spécifique à ce milieu ne m'ayant pas du tout aider, ni attirer, ni donner envie de savoir. Il y est question d'open space, de vendre du rien et des neurones, d'organigrammes et de statistiques, de collectivités et d'organismes régionaux, de politique également, etc. Les personnages évoluent clairement dans notre réalité : celle de la communication facile, via les réseaux sociaux et autres tendances informatiques et technologiques actuelles. Nicolas Mathieu a implanté son contexte en plein dans l'actualité, qu'il a su développer, argumenter et justifier avec finesse et précision. Je n'aurais donc rien à lui reprocher de ce côté-là. Et pourtant... Je n'ai pas aimé ce contexte exposé, justement parce que trop ancré dans notre réalité actuelle, m'empêchant de m'évader (pour la période 2016-2017, s'entend).

Pour les parties "souvenirs" ou "retours en arrière", c'est différent par contre. C'est avec une pointe de nostalgie que je me suis replongée dans les années 1990, d'autant que je suis de la même génération que les personnages, puisque j'ai un an de plus qu'Hélène. J'ai revécu mes années collège et lycée en même temps qu'eux, je me suis d'ailleurs souvent reconnue dans certains de leurs vécus : les soirées entre potes et les sorties en boîte, les premières cuites, les premières amours, les premières fois, l'équipe non pas de hockey mais de rugby (dont "Les lacs du Connemara" étaient d'ailleurs "l'hymne" de l'équipe, autant dire qu'on y avait droit à toutes les troisièmes mi-temps), les doutes quant à notre avenir et nos choix dans les études, etc. Là oui, j'ai aimé me replonger dans ce passé.

J'en viens maintenant à parler des personnages qui ne manquent pourtant pas de profondeur mais que je n'ai pas réussi à apprécier, car bien trop centrés sur leur petite personne. Hélène est imbuvable, elle ne pense qu'à ses perspectives professionnelles, elle évoque bien trop peu souvent ses filles, et je n'ai pas aimé la façon dont elle a renié ses parents pas assez ambitieux à ses yeux. Quant à Christophe, éternel ado de plus quarante ans qui ne pense qu'à la picole avec ses copains, il n'a même pas pensé à se battre pour son fils que son ex-femme a éloigné en déménageant hors du département (légalement, il aurait eu gain de cause). Des personnages bien construits donc mais que j'ai difficilement supportés.

Quant à l'intrigue, il n'y en a pas vraiment. Ils bossent, ils baisent, ils picolent. Voilà voilà, rien de désagréable mais souvent l'ennui pointe le bout de son nez...

Vous l'aurez compris, c'est mitigée que je ressors de ma lecture. Et j'en suis la première désolée puisque Nicolas Mathieu a su rendre un roman approfondi sur tous les bords, bien écrit également, comme je les aime d'habitude. le manque d'intérêt que m'auront suscité le milieu dans lequel évolue Hélène principalement et les personnages eux-mêmes, sans parler de la pseudo-intrigue, auront eu raison de mon manque de concentration. Quand je pense, par exemple, à ma liste de courses pendant ma lecture, c'est que ce n'est pas très bon signe. J'ai dû finir ma lecture à voix haute, afin de rester dedans et arrêter de penser à autre chose. C'est un rendez-vous manqué donc mais je reviendrai quand même vers l'auteur car j'ai tout de même aimé son style.
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