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Critique de Bleuven


A l'occasion des 20 ans d'existence de l'encyclopédie libre Wikipédia, Rémi Mathis, historien, conservateur à la BnF et ancien Président de Wikimédia France nous livre les clés pour mieux connaitre le fonctionnement de cet outil qui a entrainé des bouleversements dans l'accès au savoir.
L'auteur évoque dans un premier temps la genèse du projet. Il développe son mode de fonctionnement décentralisé pour enfin aborder les enjeux et les limites de Wikipédia.

Pour comprendre l'esprit, il est nécessaire de contextualiser l'apparition du projet. En effet, si l'accès à Internet se démocratise dans les années 2000, la demande d'accès à l'information se généralise. Les méthodes de l'édition traditionnelle évoluent peu or la communauté scientifique est en pleine mutation, privilégiant les Open Sources pour la diffusion de leurs articles. de nouvelles licences d'exploitation se développent basées sur la liberté d'usage. C'est dans ce contexte que Jimmy Wales crée une encyclopédie – Numédia, où les articles sont rédigés collaborativement mais validés par un comité d'experts. Face à une certaine lenteur dans la mise à disposition de l'information, il envisage une version « bêta » des articles, accessibles aux internautes sans être ratifiés par les scientifiques. le concept Wikipédia est né : il valorise le savoir dans tous les domaines et sa diffusion par une mise à disposition à un large public.
Les wikipédiens – les contributeurs, ne sont donc pas des spécialistes reconnus par des pairs mais des internautes ayant à coeur de participer à cette aventure basée sur le crowdsourcing. Un cadre se dessine collégialement : des recommandations concernant la mise en forme (plan, notes de bas de page, références bibliographiques) et des règles liées essentiellement au respect du droit d'auteur sont posées. Tout sujet peut être abordé et tout article sera nourri par la réflexion des wikipédiens dans un souci de neutralité. On ne parle plus ici d'un unique auteur, mais d'un « mille feuilles de contributeurs ». L'avantage de ce mode de fonctionnement est la réactivité des mises à jour des articles, vérifiés par les wikipédiens eux-mêmes. Quant à la fiabilité des informations, elle est vérifiable grâce aux sources clairement mentionnées. On parle alors de fact-checking. Ainsi, la communauté de wikipédiens tour à tour rédige, complète, corrige les articles.
L'information présente dans l'encyclopédie prend toutes ses formes : image fixe ou animée, son enrichissent le texte. Ces fichiers complémentaires sont regroupés dans Wikimédia Commons depuis 2004, en licence Creative Commons (CC-By-SA), ou tombés dans le domaine public ou encore, issus de l'Open data. Ils sont réutilisables par les internautes.
En fin d'ouvrage, Rémi Mathis évoque l'engouement des internautes pour cet outil d'accès au savoir et mentionne Wikipédia comme un outil pédagogique potentiel. Il conclut sur les limites d'un tel projet dans les pays les moins démocratiques mais aussi les menaces que les pouvoirs publics exercent sur les wikipédiens afin de faire disparaitre des informations sensibles ou de les contrôler. En effet, si tout internaute peut contribuer à enrichir l'encyclopédie, une désinformation à but commercial ou politique n'est pas à exclure. Cependant, la structure même de Wikipédia permet d'éviter de telles exactions : les patrouilleurs et les administrateurs surveillent et bloquent les notifications. On parle alors de « vigilance participative ».

Pour conclure, Rémi Mathis reste étroitement lié à Wikipédia. Certes, il maitrise parfaitement le sujet. Cependant, son récit tend parfois vers une ode à la gloire de l'encyclopédie libre. Il appuie son argumentation sur quelques données chiffrées (pages 80/81 – 157) qui malheureusement ne sont ni datées, ni sourcées. J'aurais aimé trouver en fin d'ouvrage une annexe avec les références bibliographiques pour rester en accord avec la philosophie Wikipédia.
Si l'ouvrage apporte effectivement un éclaircissement à un public non-expert sur le fonctionnement de ce noble projet, l'auteur se montre très critique quant aux discrédits qu'une certaine élite littéraire a pu jeter sur cet outil. Or cela reste encré des années 2010 et n'est plus d'actualité de nos jours. Rémi Mathis y intègre le corps professoral auquel j'appartiens. Cela m'a particulièrement peiné d'autant que j'enseigne Wikipédia, comme beaucoup d'autres enseignants (avantages / inconvénients / fonctionnement / crowdsourcing / communs de la connaissance) tout cela dans un but de développer l'esprit critique des élèves.
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