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Critique de vincentf


Le barbare, c'est toujours l'autre, celui qui baragouine, l'étranger, l'envahisseur, le sauvage. Pourtant, ce que montre ce livre, c'est que la barbarie se cache au coeur de la civilisation et au coeur de l'homme quand il se coupe du monde en se recroquevillant sur lui-même. La barbarie, au sens moderne du terme, c'est le sujet qui ne se reconnaît que lui-même et qui ne voit pas qu'il est lié à d'autres hommes, à un monde et à une histoire. Devenir barbare, c'est faire de l'homme une fonction et non un être, c'est voir dans le monde non plus un sens mais une procédure. Jean-François Mattéi montre cette barbarie du sujet à l'oeuvre dans de nombreux domaines, de la pédagogie à l'art, en passant par la politique. Il défait les préjugés de la modernité en montrant que l'école est en faillite parce qu'on y a évacué le savoir pour n'en retenir que l'enfant, que l'on maintient ainsi dans un monde insensé où il développe des compétences mais aucune réflexion. Il voit dans l'art contemporain également une barbarie qui ne conserve que le geste de l'artiste mais supprime l'oeuvre et l'idée, extérieure, transcendante, de beauté, pour ouvrir le domaine artistique à tout et à n'importe quoi. Il met enfin dos à dos le nazisme et le communisme, barbaries plus manifestes que l'école et l'art, en montrant que tous deux sont basés sur la négation de l'homme libre pour ne garder de lui qu'une seule de ses composantes, à laquelle il est réduit, sa race ou sa classe. le sujet, seul, ne voit plus la personne humaine, qui dépasse ses seules particularités biologiques ou sociales et se reconnaît donc le droit d'éliminer tout ce qui n'appartient pas à sa race ou à sa classe. La barbarie intérieure alors sort dans la rue. Ce livre a le mérite de nous rendre attentif au fait que le barbare, c'est moi.
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