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Critique de Patsales


Le problème, c'est qu'on m'avait vendu ce fameux chien stupide comme hilarant. Et je suis restée de marbre pendant le premier tiers du roman, avec le sentiment de le lire trop tard, à devoir supporter des blagues éculées d'un vieil humoriste sur le retour. Le dialoguiste poivrot en panne d'inspiration : déjà vu! Le gros chien envahissant, priapique et homo: déjà vu! La descendance nombreuse et égoïste qui fait tourner chèvres les parents: tellement convenu!
Et ensuite, il s'est passé un truc étrange: déjà, j'ai été prise de compassion pour une mère de famille raciste, ce qui n'était pas franchement gagné. Et j'ai été bouleversée par ce récit poignant d'une ultime tentative pour faire famille. Le père morfondu par son échec, qui fuit ses enfants pour éviter d'affronter leur départ; la mère accablée qui ne supporte pas le goût de son fils aîné pour les Noires délurées (comme s'il signifiait que son garçon ne veut rien retenir d'elle, pas même sa couleur de peau); les enfants qui partent sans partir, impitoyables et détachés.
Pour Harry, c'est retour vers le passé, toute! Vers son pays d'origine, avec un nouveau chien pour remplacer celui qu'il a perdu. Mais ça ne marche pas comme ça. Le passé n'efface pas le présent et l'espoir d'un nouveau départ est d'autant plus vain que Harry n'en a pas envie le moins du monde.
Et cette défaite intime illustre au plus haut point cette vieille formule qui pour être éculée n'en est pas moins vraie: la politesse du désespoir. Harry nous la joue détaché et ricanant mais la mort de son chien est d'une cruauté absolue et la dernière phrase du livre remet définitivement les choses en place:
« Soudain, je me suis mis à pleurer. »
Quoi, j'ai dit la fin? Ben comme ça, tout le monde est au courant. « Mon chien stupide » n'est pas un roman comique et si vous avez le moindre enfant âgé de plus de 15 ans, vous risquez fort, vous aussi, de ressentir l'irrésistible besoin d'adopter un quelconque clébard, voire une truie sur le retour, pour tenter d'oublier qu'il va bientôt partir.
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