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Critique de michfred


Vous reprendrez bien un peu de Bacon? Avec votre oeuf?

Mauvaise blague qui a pourtant échappé à l'auteur, devenu un familier et un ami du peintre britannique, presque sous cette forme, et à un moment plutôt mal choisi...

Inlassable depuis ma visite de l'expo Bacon , je reprends moi aussi du Bacon, sans cesser de questionner tous les livres qui me sont tombés sous la main. Et plus j'en lis, plus ma fascination, mon attirance pour cet univers pictural dérangeant s'accroît , plus j'ai envie...de retourner voir ses grands triptyques énigmatiques et ses portraits troublés et troublants.

Attiré par Bacon, Franck Maubert, l'était à l'évidence.. .

Il est encore tout jeune journaliste et critique d'art à L Express quand, après moult refus, le peintre accepte enfin de le recevoir, chez lui, au 7, Reece Mess, à Londres.

Ému comme un jeune amoureux à son premier rendez-vous, Frank partage, de 7 heures du matin aux petites heures du matin suivant , une pleine journée -il a l'insigne privilège de pénétrer dans son atelier!- et toute une nuit dans les bars gays et branchés de Londres , en compagnie de son idole.

Sans réussir toutefois à tenir le coup comme lui dans les beuveries où l'entraîne Bacon, pour qui "trop n'est jamais assez"!!

D'autres rencontres, au fil des années et du livre, ponctuent cette relation devenue une véritable amitié .

Ils se retrouvent dans des bars parisiens , encore pleins des souvenirs du grand ami Giacometti, son "frère" en art et en nuits chaudes- et aux Bains Douches, où Bacon fait la (très courte ) expérience de la putassière télévision française , lors d'une émission de Thierry Ardisson -un morceau d'anthologie!- ....

Jusqu'à la mort subite du peintre qui prend Franck Maubert au dépourvu ...

Un joli livre, bien écrit, d'une sensibilité à fleur de peau, plein d'une admiration timide et d'une intimité ironique qui ont dû plaire au dandy aux cheveux rouges, grand buveur de champagne de prix et de whisky irlandais, permettant au peintre assoiffé ...de vérité, et mis en confiance, d'exprimer sa quête insatiable : "donner une sensation d'effroi ou d'horreur", sans "tomber dans l'illustration," en cherchant " de nouveaux moyens pour atteindre le système nerveux"

"L'art est un cri pour combattre l'étouffement", a un jour confié à Franck le grand Francis, asthmatique, comme Proust, qu'il admirait tant.

Un cri qui , des autoportraits aux bouches torturées , jusqu'aux Erinnyes d'Eschyle, toutes en dents , reprend , en un écho jamais éteint , le "Cri" de Munch ou celui de la nourrice d' Eisenstein, abattue en haut de l'escalier, dans "Potemkine" : bouches d'ombre ouvertes sur la douleur violente d'exister.
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