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Critique de Ally


« le Horla ». Ce n'est pas la première fois que je lis cette nouvelle De Maupassant, et certainement pas la dernière. Chaque fois, je ressens le même plaisir et le même frisson.

La nouvelle se présente sous la forme d'un journal intime. Cela permet au lecteur de s'immerger totalement dans l'histoire et d'attendre les jours avec la même crainte que le personnage principal. Ce dernier est un homme qui vit dans une grande maison avec domestiques en Normandie, près de la Seine. Nous retrouvons bien ici Maupassant et son affection pour sa Normandie natale.

Le personnage est en proie à un profond tourment. Près de lui, il sent une présence invisible et qui se manifeste principalement la nuit. Bien sûr, le protagoniste se demande s'il ne devient pas fou. Il se sent prisonnier de sa demeure et de cet être invisible qu'il surnomme le Horla. Des manifestations étranges se produisent : la nuit, on boit l'eau de sa carafe et une rose est cueillie par une main invisible…

Nous retrouvons dans cette nouvelle toutes les angoisses De Maupassant. L'écrivain était obsédé par la folie et craignait un jour d'être atteint de démence. le terrain familial était propice avec une mère grande dépressive et un frère fou. D'ailleurs, Maupassant est mort à quarante-deux ans dans un hôpital psychiatrique. Il y a aussi cette peur immense de la mort, de la maladie. Ces angoisses sont palpables entre les lignes de cette nouvelle. le lecteur se retrouve confronté aux obsessions de l'écrivain, lesquelles sont formidablement exprimées à travers une écriture d'une grande richesse. La folie s'immisce dans le livre avec beaucoup de figures de rhétorique. La répétition, les questions laissées en suspens… le passage où le personnage met le feu à sa maison pour « tuer » le Horla en oubliant la présence de ses domestiques à l'intérieur est le point culminant du récit. Une certaine fatalité s'abat alors sur le lecteur : l'homme n'est plus récupérable, le Horla a gagné…

La nouvelle est également une réussite en cela qu'elle laisse le lecteur perplexe. A lui d'interpréter comme il l'entend la présence de cet être invisible. Est-ce que le Horla a réellement une existence propre ou est-ce le simple fantasme d'un homme fou à lier ? Est-ce le fruit d'une épidémie sévissant en Amérique du Sud et transportée en Europe à cause du transport fluvial ? Y-a-t-il un lien entre le Horla et les avancées de l'époque en ce qui concerne le domaine de l'esprit, sachant que le personnage relate une expérience d'hypnotisme de Mesmer ? S'agit-il d'un fantôme ?

Le lecteur reste avec ses nombreuses questions laissées en suspens par le protagoniste. Un lecteur qui ne pourra rester insensible devant la peur suscitée par la présence du Horla. Maupassant réussit ce tour de force à faire peur avec l'invisible.
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