AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cmpf


Il y a beaucoup dans ce roman sur le thème de l'argent et de la spéculation. C'est une satire sur d'une part la médecine et d'autre part la bourgeoisie. C'est aussi une histoire d'amour.
Christiane a épousé sur les instances de son père et de son frère, le banquier Andermatt, « un juif faiseur d'affaires. Il en faisait de toutes sortes et s'entendait à toutes choses avec une souplesse d'esprit, une rapidité de pénétration, une sûreté de jugement tout à fait merveilleuses. ». Quoiqu'amoureux de son épouse, il n'a, là encore, pas oublié ses intérêts. « Il avait épousé, par adresse, la fille du marquis de Ravenel pour étendre ses spéculations dans un monde qui n'était point le sien.». Après deux ans de mariage, pas d'enfant, la famille se retrouve donc à la station thermale d'Enval où la jeune femme pourra soigner les vagues maux dont elle souffre. Elle est accompagnée de son père le marquis de Ravenel, de son frère le comte Gontran qui lui-même a amené un ami Paul Brétigny. Toute l'action se situe d'ailleurs dans cette région d'Auvergne, la Limagne même si un retour à Paris entre deux séjours est évoqué. Cette station a été fondée par le docteur Bonnefille qui a découvert une source. Deux autres médecins l'ont rejoint cependant la station vivote. Mais voilà qu'un riche paysan, le père Oriol en faisant sauter un morne a fait jaillir une nouvelle source. Tout de suite le banquier voit tout le parti qu'il y aurait à créer une station rivale.
Il faut attirer une riche clientèle et comment mieux le faire qu'en attirant des médecins parisiens. « Nous mettrons gratuitement ces demeures aussi élégantes que confortables à la disposition de nos médecins. S'ils s'y plaisent, ils achèteront seulement la maison de la Société Bernoise ; quant au terrain, nous le leur donnons… et ils nous le payeront… en malades. Donc, Messieurs, nous obtenons ces avantages multiples de couvrir notre territoire de villas charmantes qui ne nous coûtent rien, d'attirer les premiers médecins du monde et la légion de leurs clients, et surtout de convaincre de l'efficacité de nos eaux les docteurs éminents qui deviendront bien vite propriétaires dans le pays. »
Tandis que son époux réussit tous ces projets : acheter les terres du vieux paysan, marier Gontran qui lui doit beaucoup d'argent à l'une des filles Oriol, qui apportera en dot d'autres terres, Christiane qui a vécu une très belle histoire d'amour avec Paul Brétigny, se voit repousser. « Elle ne comprenait pas qu'il était, cet homme, de la race des amants, et non point de la race des pères. Depuis qu'il la savait enceinte, il s'éloignait d'elle et se dégoûtait d'elle, malgré lui. Il avait souvent répété, jadis, qu'une femme n'est plus digne d'amour qui a fait fonction de reproductrice. ».
Vaut-il mieux tabler sur l'argent que sur l'amour pour réussir sa vie ?
C'est aussi une satire sur les médecins. Les médecins, Maupassant les connaissait, lui qui était atteint de syphilis. Il s'en moque particulièrement dans une pseudo ordonnance. « Attendu que M. X… est atteint d'une maladie chronique, incurable et mortelle ;
« Il prendra : 1º du sulfate de quinine qui le rendra sourd, et lui fera perdre la mémoire ;
« 2º du bromure de potassium qui lui détruira l'estomac, affaiblira toutes ses facultés, le couvrira de boutons, et fera fétide son haleine ;
« 3º de l'iodure de potassium aussi, qui, desséchant toutes les glandes sécrétantes de son individu, celles du cerveau comme les autres, le laissera, en peu de temps, aussi impuissant qu'imbécile ;
« 4º du salicylate de soude, dont les effets curatifs ne sont pas encore prouvés, mais qui semble conduire à une mort foudroyante et prompte les malades traités par ce remède ;
« Et concurremment :
« du chloral qui rend fou, de la belladone qui attaque les yeux, de toutes les solutions végétales, de toutes les compositions minérales qui corrompent le sang, rongent les organes, mangent les os, et font périr par le médicament ceux que la maladie épargne. »
Les portraits sont très vivants. Celui du paysan, forcément madré chez Maupassant, est assez amusant, et sa ruse concernant le vagabond dans le but de vendre mieux ses terres est savoureuse. La malice du vagabond n'est d'ailleurs pas moindre. Il y a des traits d'humour tout au long du roman.
Il serait dommage de limiter Maupassant à ses nouvelles, même si elles sont généralement excellentes.

Lu dans le cadre du challenge XIXè siècle 2015

Commenter  J’apprécie          266



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}