Nous connaissons l'histoire principalement du point de vue de Pierre.
Pierre, c'est l'aîné,
l'enfant favori puis ce
lui qu'on rejette à l'arrivée du cadet. le cadet, c'est Jean. Jean a tout pour plaire. Plus fort que son frère, meilleur dans ce qu'il entreprend, il acquiert une situation professionnelle stable avec plus d'aisance que son aîné. L'un est médecin, l'autre avocat.
Pierre et Jean, c'est l'histoire d'une tragédie fraternelle, d'une bonne nouvelle déchirante pour l'un, synonyme de bonheur incommensurable pour l'autre. Bonne nouvelle qui divise une fratrie et fait ressortir les non-dits. Alors que l'aîné se cherche, plus pour prouver à ses parents qu'il est aussi bon que son frère que pour
lui-même, Jean se voit hériter du jour au lendemain d'un ami de longue date de la famille. Commence alors pour Pierre, dans l'ombre, une montée de sentiments de haine provoqués par une frustration sans nom. Non pas une introspection mais bien le sentiment de faire tâche, la remise en question qui succède la blessure de l'âme.
Maupassant, avec son écriture plus moderne qu'on ne le pense, avec son rythme qui
lui est propre, nous fait voyager et on adore se plonger dans cette France normande du XIXe.
Des tourments de Pierre naît la jalousie, de la jalousie naît la spéculation et la tragédie n'est plus fraternelle mais familiale.
Face à un père déconnecté de sa famille et une mère pleine de honte, un petit frère qui n'a laissé de place pour son aîné.
Longue nouvelle ou court roman, c'est une belle leçon de morale dont
Maupassant nous fait part, comme il sait si bien le faire.