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Critique de latina


latina
23 septembre 2017
Qui n'a jamais rêvé un jour de vivre la vie de quelqu'un d'autre ? L'herbe est toujours plus verte chez le voisin, n'est-ce pas ?

Eh bien John, un professeur d'histoire anglais solitaire, sans famille, sans attaches, neurasthénique, prêt à passer quelque temps à la Trappe pour enfin trouver un sens à sa vie, va pouvoir expérimenter cela, à son corps défendant !
En effet, il rencontre dans une gare un homme en tout point pareil à lui, comme si c'était son double. En plus, il s'appelle Jean. Chose étrange ... Celui-ci n'aime pas sa vie non plus, il est chargé d'une famille encombrante et voudrait en être débarrassé. Un troc se fait alors, sans que John le veuille. Il se retrouve donc en pleine campagne française, dans un petit château pas bien entretenu, affublé d'une mère, d'une femme, d'une fille, d'une soeur, d'un frère et d'une belle-soeur, ainsi que d'une entreprise périclitant. Personne ne se rend compte qu'il n'est pas Jean...Drôle d'affaire ! Il sent alors qu'il fait office de bouc émissaire, car il porte sur lui tous les ennuis de son « jumeau ».

Et je peux vous assurer que des ennuis, il en a ! Cette situation extrême le met en face de lui-même, le « trompeur » (car cela ne sert à rien qu'il donne sa véritable identité, on ne le croirait pas tellement la ressemblance est frappante).
Cependant, « pourquoi tromper quand la tromperie apporte tant de tourments au trompeur ? »
« Etre complice d'une farce n'impliquait pas que je dusse accepter d'en être la victime. »
Ces deux citations vous prouvent que ce roman de Daphné du Maurier sonde les profondeurs de l'âme.
Le nouveau comte pourra-t-il se glisser dans la peau de l'ancien, et donc subir le poids de son passé, de ses fautes anciennes, de son comportement récent ?
C'est très psychologique, mais la famille et la société en prennent aussi pour leur grade : description détaillée des rapports familiaux, et de la société hiérarchisée de ces années 50, où « Monsieur le Comte » est encore abordé avec déférence, même s'il a commis un méfait inavouable, même s'il est d'une superficialité ahurissante. Les domestiques, les ouvriers de l'entreprise, les amis chasseurs, le notaire, le médecin, le curé, ...la maitresse, tous ont un rôle à jouer, mais le plus grand rôle, c'est celui de John, le bouc émissaire.
Comment concilier son caractère tendre avec celui qu'il remplace ? Comment réparer les fautes de l'Autre sans qu'on le reconnaisse comme un imposteur ?

J'ai été un peu déçue par le dénouement assez mièvre et certaines situations trop improbables, mais, malgré cela, je dois dire que c'est un roman passionnant pour tout qui s'intéresse aux rapports humains, et à la place qu'on veut jouer, à la façade que chacun veut montrer aux autres, sans aliéner son moi le plus intime.
Edifiant !

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