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Critique de fulmar


Pom Pom Pom Pom !

C'est le destin qui frappe à la porte !
Trois brèves, une longue, en morse ça signifie victoire.
Oui, mais qui va gagner ? le bien ou le mal ?
Pommier, en latin, c'est malus, le mal. Mais c'est aussi le signe de la perfection, le lien permanent qui unit l'homme à la nature.
Alors, « prends-toi en main, c'est ton destin ! »
Adam, Guillaume Tell ou Newton, le destin résonne en agitant la pomme.
Mais le son qu'elle produit, c'est celui des pépins, et en avoir n'est pas très réjouissant, pas plus que le trognon resté coincé dans la gorge, un coup fatal à tomber dans les pommes.
Il y a conflit entre les natures morales, un coup c'est le bien, un coup c'est le mal.
« Le pommier », une nouvelle de Daphné du Maurier, quel nom les amis, ça en jette !
Quoi donc, des pommes, des pépins ?
Non, le sort, c'est le sort qui en est jeté, elle se croyait d'une haute lignée, mais elle s'est vue bien abaissée, le Maurier c'est le nom d'un hameau, pas la moindre trace d'un illustre château.

Alors, prédestinée cette nouvelle ?
Allo ? Quelle nouvelle ?
Tout va très bien , madame la marquise ! C'est juste un pommier qui fait des siennes, il refuse de mourir, même qu'il revient à la vie, et refait des pommes comme à son plus bel âge !
Des pommes ou des siennes ? J'comprends plus.
Mais non, c'est les siennes, de pommes, même qu'elles vont lui pourrir la vie !
Ah ! Donc, il va mourir ?
Oh, plus tard, non, c'est la vie de Monsieur qui pourrit peu à peu…
Mais Monsieur qui ?
Le héros de l'histoire, juste Monsieur. Daphné, elle écrit « il » pour lui, on ne connaît pas son nom.
Bah si, Juste, ah non, c'est le prénom.
Non, non, juste il, ça renforce le suspense, le parfait anonyme en sorte.
Alors, y a pas de noms dans l'histoire ?
Si, Midge et Willis, sa femme et le jardinier.
Ah, bah j'comprends que sa vie pourrisse, si elle s'est tapée le jardinier !
Non, elle meurt dès le début. le jardinier, c'est juste un pote âgé qui s'occupe du terrain, pas de la femme !
Pourtant, l'assassin est toujours le jardinier !
Mais il n'y a pas de crime, c'est un coup de froid mortel.
Morte, elle ? Et lui, il s'en sort ?
Mal, très mal. A cause du pommier.
Il se l'est pris sur la tête ?
Non, il s'entête, il ne pense plus qu'à lui. L'esprit de sa femme est dedans.
Ah, j'comprends, sans sa femme il est perdu !
Pas du tout, il revit sans elle, il fait ce qu'il veut, elle était accaparante.
Où ça ?
Dans la maison, dans le jardin, il ne vivait plus.
Alors, où est le problème ?
Dans le pommier. Il ne peut plus la voir. Il va l'abattre.
Encore une femme battue !
Non, c'est le pommier, il l'a abattu.
Il devait être très abattu pour s'en prendre au pommier !
Il était submergé par les pommes.
Et il est tombé dedans ?
Oui, c'est ça, dans les pommes.
Elle est triste, l'histoire !
C'était son destin…

Elle a 70 ans, cette nouvelle, et je l'ai lue dans l'édition originale, de l'époque, 1953, trouvé chez un bouquiniste. A vrai dire, il y a sept histoires dans le recueil, « Le Pommier », c'est la première, qui a donné le titre du livre.
Pour la réédition, après le film d'Hitchcock, ça s'est appelé « Les oiseaux », titre de la deuxième nouvelle dans la première édition. Mais celle-là, on la connaît tous.
« Le Pommier », c'est Poe et King réunis, une ambiance très particulière, cinquante pages de terreur sous-jacente, la solitude qui enferme et tue à petit feu, l'arbre de l'expérience du bon et du mauvais, qui se dresse et jette un sort.
Daphné du Maurier, un style inimitable, une novelliste hors pair, qui retranscrit admirablement les aléas de la vie.
Alors, n'hésitez pas, elle appelle la pomme, pas l'apple.
Daphné, la plus française des autrices anglaises. le nom d'une autre plante, une nymphe d'une grande beauté, à l'image de son écriture.

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