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Critique de Arakasi


Depuis plusieurs années, Daphnée du Maurier fait partie des valeurs sûres de mon univers littéraire. J'ai pourtant longuement hésité à lire ce recueil car la nouvelle est un format qui ne m'attire pas : j'ai souvent une impression de trop-peu et de superficialité. C'est en apprenant que le fameux film de Hitchcock « Les oiseaux » avait été adapté d'une nouvelle de du Maurier que j'ai cédé à la curiosité. le film lui-même ne m'avait guère marquée – je l'ai probablement vu trop tard – mais le concept de base m'avait impressionnée. N'en déplaise aux cinéphiles, j'ai trouvé la nouvelle beaucoup plus anxiogène que son adaptation peut-être parce que j'ai une imagination plus facilement excitable par les mots que par les images. Là où les images d'Hitchcock se sont ternies, année après année, les mots de du Maurier ont gardé toute leur acuité, toute leur vitalité.

L'ambiance est magnifique, d'une pesanteur intolérable qui s'accentue de plus en plus au fur et à mesure du déroulement du récit. Les images suscitées sont choquantes et morbides, comme cette mer tapissée d'un océan de mouettes ou cette chambre couverte de cadavres de moineaux, et marquent d'autant plus l'esprit que le vocabulaire utilisé est sobre et efficace. Derrière le fantastique et la démence aveugle des oiseaux, se devine une métaphore de la guerre et de la terreur impuissante des populations confrontées aux bombardements. le tout donne une excellente nouvelle à l'efficacité redoutable.

Les autres nouvelles du recueil sont de qualité plus variée, bien qu'aucune ne soit dépourvue d'intérêt. Je me contenterai de parler de celles qui m'ont le plus marquée, à savoir « le pommier » et « Une seconde d'éternité ». La première a pour point commun avec « Les oiseaux » de montrer comment un élément du quotidien, inoffensif en apparence, peut tout à coup se muer en menace. Ici, le narrateur réalise un jour qu'un vieux pommier de son jardin présente une ressemblance troublante avec sa défunte épouse. Petit à petit, le personnage sombre dans la paranoïa jusqu'à reporter sur le pauvre arbre toute la haine longtemps refoulée qu'il avait pour sa femme. L'angoisse y naît de petits détails, d'impressions à peine esquissées, jusqu'à devenir insoutenable.

La seconde, « Une seconde d'éternité », pourrait sortir tout droit de la série « La quatrième dimension » de Rod Sterling : ambiance étrange et déconcertante, récit impeccablement mené et twist final ébouriffant. Une jeune mère voit brusquement son quotidien basculer (« … dans la quatrième dimension » – Chut Rod !) : au retour d'une promenade, elle retrouve sa maison remplie d'inconnus et ses meubles disparus. Croyant à un cambriolage, elle appelle la police mais celle-ci lui assure que les locataires ont toujours vécu ici et que la maison ne lui appartient pas. Ses voisins, ses amis, sa fille, tout le monde semble avoir disparu, jusqu'à sa propre identité que les policiers remettent en doute. Amnésie ? Folie ? Ou quelque chose de plus étrange encore ? Une nouvelle captivante au dénouement inattendu.

En conclusion, un petit recueil de qualité qui ne fait que me conforter dans la très bonne opinion que j'ai de cette auteur.
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