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Critique de carolitne


De la ville de Florence, qu'elle quitte après la mort de son mari Ambrose, elle abandonne le ciel d'un bleu éclatant, les maisons couleur pastel et le jaune d'un soleil qui brille d'or. Dans les Cornouailles qui l'accueillent au sein de la demeure de feu son époux, les nuages bas pleurent des larmes de deuil, le crachin enveloppe les corps d'une glaciale désolation. Les brumes grisent répandent leurs ombres inquiétantes, le brouillard cache les fantômes des disparus qui hantent les vivants. Rachel pénètre seule dans le domaine de son mari Ambrose, qui lui n'y reviendra jamais. Il est mort, dans des circonstances suspectes à Florence, peu de temps après son mariage. La jeune veuve est accueillie par Philip, son cousin et héritier d'Ambrose, le narrateur du récit. Rachel y découvre les codes d'un monde conventionnel, immuable, presque sclérosé. Son arrivée initie la rivalité entre deux mondes ; entre une société anglaise féodale, conformiste et traditionnelle, et la société florentine ; libre, libertine et dévoyée. Entre un monde phallocrate et une culture plus égalitaire. de l'issue de cette confrontation dépendra le jugement de Rachel dont on apprend rapidement qu'Ambrose l'a accusé d'empoisonnement. Avec elle entre ainsi au domaine le mythe des Borgia, la légende noire qui l'inculpe sans condition. Ne dit-on pas que le poison est une arme féminine ?
Dans son nouveau domaine, Rachel évolue accompagnée de son seul désoeuvrement, sillonnant entre les codes d'une société qu'elle apprend à connaître, entre les pièces de la demeure dont chacune correspond à une fonction sociale. Derrière la porte entrouverte de la « drawing-room » s'envolent les notes d'une valse que l'autrice danse avec son lecteur, autour des personnages, de l'intrigue et de la thématique, au rythme de la narration.
Le ressenti du lecteur évolue en effet en fonction des interprétations de Philip, rapidement sous le charme de sa cousine. Ses regards, son point de vue, s'ils sèment tour à tour doutes et certitudes dans l'esprit du lecteur quant à la culpabilité de Rachel, ne sont cependant pas objectifs ; chargés des représentations de son milieu et de toute sa phallocratie. Celle-ci sera chargée du doute éternel maintenant Philip dans la prison morale du purgatoire. Donnant à l'accusation une autre dimension, Daphné du Maurier se faisant juge d'une société dont elle condamne sans ambages la misogynie.
Dont nous comprenons qu'elle est le seul poison.

Nous retrouvons dans « Ma cousine Rachel » l'atmosphère envoutante et les structures narratives de « Rebecca ». Les personnages y sont davantage fouillés, leur psychologie davantage travaillée. Leurs relations sont dépourvues de manichéisme permettant une interrogation profonde du rapport entre hommes et femmes dans la société anglaise du XIXe siècle. J'ai cependant regretté la profonde naïveté de Philip et ses revirements qui ont, selon moi, nui à sa crédibilité. J'ai ainsi peiné à ressentir de l'empathie pour les personnages et à être totalement emportée par le récit.
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