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Critique de Nomadisant


Quelle belle lecture j'ai faite ces derniers jours, d'un auteur complètement oublié, André Maurois (1885-1967). Climats est son roman le plus célèbre, d'une grande finesse psychologique qui m'a rappelé Stefan Zweig.


Ce roman est composé de deux parties distinctes :


- la première est comme une longue lettre qu'adresse Philippe à sa future épouse, Isabelle, au sujet de sa relation maritale avec sa première femme Odile.
- La seconde est écrite par Isabelle pour Philippe avec des extraits du carnet de ce dernier.


Le personnage central, Philippe, rêvant sa vie, souffre pour Odile, indomptable et naturelle, d'un amour le rendant dépendant et soumis, anxieux et jaloux. Isabelle, exacte opposée d'Odile, subira la même soumission, la même dépendance à l'égard de Philippe.


Histoire d'un double échec conjugal lié à la dissymétrie des attentes de chacun et de leur incapacité résiliente à y remédier, c'est aussi une fine analyse des moeurs et des conventions de l'époque, écrite dans une langue magnifiquement ciselée.


Quelques extraits du livre :


« Les moments très beaux sont toujours mélancoliques. On sent qu'ils sont fugitifs, on voudrait les fixer, on ne peut pas. »


« Eloigné par trop de lectures, par trop de solitaires méditations, des arbres, des fleurs, de l'odeur de la terre, de la beauté du ciel et de la fraîcheur de l'air, je trouvais toutes ces choses cueillies chaque matin par Odile et mises par elle en gerbe à mes pieds. »


« Mes idées se renouvelaient peu parce que je n'avais pas le temps de lire. »


« Rien n'était plus facile que de comprendre les goûts de Philippe ; il était de ces lecteurs qui ne cherchent qu'eux-mêmes dans les livres. »


« Nous aimons les êtres parce qu'ils sécrètent une mystérieuse essence, celle qui manque dans notre formule pour faire de nous un composé chimique stable. »


J'aime particulièrement ce passage sur l'ennui qu'éprouve Philippe pour Isabelle :

« Je possède un bonheur si rare : un grand amour. J'ai passé ma vie à appeler le "romanesque", à souhaiter un roman réussi ; je l'ai et je n'en veux pas. J'aime Isabelle et j'éprouve auprès d'elle un tendre mais invincible ennui. Maintenant je comprends combien j'ai dû moi-même jadis ennuyer Odile. Ennui qui n'a rien de blessant pour Isabelle, comme il n'avait rien de blessant pour moi, car il ne vient pas de la médiocrité de la personne qui nous aime, mais simplement de ce que, satisfaite elle-même par une présence, elle ne cherche pas et n'a pas de raison de chercher à remplir la vie et à faire vivre chaque minute… Hier soir […] j'aurais souhaité sortir, voir des êtres nouveaux, agir. Isabelle, heureuse, levait de temps à autre les yeux au-dessus de son livre et me souriait. »
Lien : http://www.nomadisant.com
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