AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bouteyalamer


Ce texte est la transcription d'une conférence. Il a le charme du style oral mais aussi une imprécision qui étonne. La préface de David le Breton indique que Mauss n'a pratiquement pas écrit de livre et que ses concepts émergeaient, puis s'affinaient, au cours de ses conférences successives.

Les techniques du corps sont définies comme « les façons dont les hommes, société par société, d'une façon traditionnelle, savent se servir de leur corps ». Mauss les regarde de la façon dont il voit « l'homme total », du triple point de vue corporel, psychologique et social, trois éléments « indissolublement mêlés ». Il a raison de ne pas tenir compte seulement de l'adaptation à l'environnement : de façon évidente, on ne court pas de la même façon en montagne, sur le sable ou dans la jungle, mais à efficacité égale, plusieurs choix sont possibles. Il poursuit (je me permets d'ajouter les points d'interrogation) : « J'appelle technique un acte traditionnel efficace et vous voyez qu'en ceci il n'est pas différent de l'acte magique, religieux, symbolique (?). Il faut qu'il soit traditionnel et efficace. Il n'y a pas de technique et pas de transmission s'il n'y a pas de tradition (?). C'est en quoi l'homme se distingue avant tout des animaux : par la transmission de ses techniques (?) et très probablement par la transmission orale. Donnez-moi donc la permission de considérer que vous adoptez mes définitions » (p 53). Une grande partie du texte est consacrée à l'énumération et la classification des techniques du corps en fonction du sexe, de l'âge et de leur finalité : la naissance, l'élevage, le sevrage, l'initiation, la génération, le repos, le sommeil, la course, les soins du corps, etc. Tout cela va requérir des études de terrain et des articles dédiés. Ici, Mauss, qui n'a pas voyagé, se repose sur des observations personnelles au service militaire et à la guerre de 14, traditions peu spontanées, et à un choix d'observations rapportées par des ethnologues voyageurs dans diverses sociétés primitives. Quelques passages sont d'une étonnante naïveté, comme dans la conclusion : « Dans toute société, tout le monde sait et doit savoir et apprendre ce qu'il doit dans toutes conditions. Naturellement, la vie sociale n'est pas exempte de stupidité et d'anormalités. L'erreur peut être un principe. La marine française n'apprend que depuis peu à nager à ses matelots. Mais exemple et ordre, voilà le principe. Il y a donc une forte cause sociologique à tous ces faits. Vous me rendrez, j'espère, raison » (p 79).

Il s'agit d'un excellent domaine d'étude et d'un nouveau regard. Bien moins structuré que son oncle Émile Durkheim, Marcel Mauss est un précurseur, un lanceur d'idée.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}