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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Décidément, je ne peux pas continuer à lire des livres encensés par la critique, ça ne me réussit pas. Peut-être parce que, à cause de la quasi-unanimité, j'en attends alors beaucoup trop. Ou que je suis trop exigeante, difficile, voire grincheuse ou de mauvaise foi.
Pourtant, celui-ci avait beaucoup d'atouts: un voyage à cheval de trois mois dans les montagnes du Kirghizistan, une sorte de huis-clos au milieu de la nature sauvage entre une mère et un fils tout aussi sauvage, et cela pour une tentative de reconstruction de la relation. Une promesse d'évasion et de rédemption, de belle histoire et de belle écriture.
Alors oui, il y a un peu tout ça, mais voilà, ça n'a pas suffi à me convaincre.
Mais reprenons depuis le début. Dans la famille « Stéréotypes », je demande d'abord Samuel, le fils ado taciturne et mal dans sa peau, glissant dangereusement sur la pente de la délinquance. J'appelle ensuite Sibylle, sa mère divorcée, naguère jeune femme brillante, aujourd'hui chirurgienne dépressive et paumée qui carbure à la bière (apparemment ça existe, même si ça fait très peur), qui ressasse les échecs et les souffrances du passé et qui se laisse aller à vau-l'eau. Enfin, nous avons le père, odieux crétin égocentrique et méprisant, caricature du parfait salopard.
Mais bon, Samuel enchaîne tellement les conneries qu'un beau jour Sibylle réagit « avant qu'il ne soit trop tard ». Et quitte à bousculer son fils (et elle-même, tant qu'à faire), elle le soumet à une secousse sismique, puisque, plutôt que de l'emmener chez un psy, elle vend la maison de campagne familiale « à laquelle elle tenait tant » (c'est donc si cher que ça, ce voyage?), et s'embarque avec lui pour le Kirghizistan, pour y randonner à cheval pendant trois mois. Samuel ne l'en déteste que plus : « Elle fait ça pour se donner le beau rôle. Elle fait ça pour se trouver formidable et sortir de sa propre merde, se disait-il, et si elle veut corriger des erreurs qu'elle a faites, eh bien, c'est trop tard, lui, il ne pardonnerait pas ». Na ! Et le père ? Il trouve le projet délirant mais laisse faire, trop heureux de ne pas avoir à gérer le « problème » (rien à faire, ce type n'a vraiment rien pour lui).
Et voilà nos deux cavaliers qui cheminent dans des paysages idylliques, Sibylle qui s'épanouit au fil des rencontres et Samuel qui se ferme encore plus. Entre voleurs de chevaux, hospitalité locale, rencontres improbables et nature indomptable, la mère et le fils enchaînent les (més)aventures plus ou moins vraisemblables. Et puisqu'un revolver passe de mains en mains, on pourrait bien se diriger vers un drame avec peut-être un happy end bâclé. Personnages stéréotypés, péripéties peu crédibles dans des décors mal décrits (des blocs de glace provenant de glaciers, qui « ponctuent une vaste esplanade herbeuse », c'est possible, ça ?), bons sentiments, aphorismes édifiants, ouf n'en jetez plus, mais si, on ajoute encore une critique du racisme et de l'islamophobie qui sonne très faux en plus d'être incongrue. le style est à la fois très concret et très cérébral, il est d'ailleurs paradoxal de se sentir à ce point enfermé dans la tête des personnages qui eux, évoluent dans des espaces immenses.
Après, je ne dis évidemment pas qu'aucune mère ne serait capable de faire pour son enfant ce que Sibylle a fait pour Samuel. L'amour maternel peut sans doute transcender. Mais le sujet méritait plus d'authenticité et de profondeur.
Sur ce, je vais continuer... à lire autre chose.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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