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Critique de boudicca


Vous aimez la Dark fantasy ? Alors « Dehors les chiens, les infidèles » fait incontestablement partie de ces romans à côté desquels vous ne pouvez pas passer. Si la plupart des auteurs qui veulent donner une touche de noirceur à leur univers se contentent généralement de glisser une ou deux scènes un peu rudes sans guère aller plus loin, Maïa Mazaurette, elle, ne fait pas dans la dentelle : c'est (très) sombre, (très) cru et (très) amoral ! Pour le coup la comparaison avec l’œuvre de Glen Cook (souvent utilisé comme « argument vente » par les éditeurs) n'est pour une fois pas complètement usurpée. Le roman nous entraîne sur les traces d'un groupe de cinq « Quêteurs », guerriers, érudits ou inquisiteurs, lancés à la recherche de l'étoile du matin, une sorte de Saint-Graal censé ramener la lumière sur le monde. Car, fait plutôt original, nous avons affaire à du post-apo... médiéval. Le roman met en scène une société rongée par l'obscurité et ravagée par la guerre que se livrent depuis le déclenchement de l'apocalypse les forces d'Auriselle et de l'Occident noir. « Galaad le Preux partit en plein carême, Mourut le dimanche saint. Quand l’Étoile du Matin tomba au sol, Chacun sombra avec elle. Plus de pape, plus de Lumière, Plus d’autres Guides que ceux de la Quête. » Si Maïa Mazaurette n'est certes pas la première à tenter l'expérience du « post-apo historique », il faut avouer que les romans de ce type ne courent pas non plus les librairies.

Sur les ruines de notre Moyen Age, l'auteur bâtit un monde bien plus sombre que l'original tout en s'en inspirant pour développer une critique virulente de la religion et de ses inévitables dérives. Pour ce faire, Maïa Mazaurette nous plonge dans un monde terriblement dérangeant où tout n'est que ténèbres et violence, crasse et désespoir. Une vision inquiétante mais qui fait naître chez le lecteur une sorte de fascination morbide difficile à refréner, quant bien même nous n'avons ici qu'un aperçu très limité de ce Moyen Age uchronique. S'il y a un reproche que l'on pourrait faire à l'ouvrage, c'est d'ailleurs celui-là, car quel dommage de voir un univers avec un tel potentiel être exploité de façon aussi brève ! Les personnages sont à l'image de ce décor désespérant : torturés, complexes et pour la plupart plus intrigants que sympathiques. Le comportement et les exactions de certains laissent à plusieurs reprises un profond sentiment de malaise, à commencer par ceux de la belle et froide Inquisitrice Astasie, ou encore du discret mais sous estimé érudit Cyférien. On ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre ni jusqu'où les personnages sont prêts à aller pour garantir le succès de leur quête qui peut s’apparenter par bien des aspects à celle menée par les chevaliers de la légende arthurienne à laquelle l'auteur fait d'ailleurs référence à plusieurs reprises. La chute ne dépareille quant à elle absolument pas avec l'ambiance générale du récit : ambiguë et résolument sombre.

Véritable réussite, « Dehors les chiens les infidèles » nous plonge dans un univers sombre et violent qu'on aurait aimé arpenter davantage et qui propose une réflexion intéressante sur le fondamentalisme religieux et le totalitarisme. C'est torturé (souvent), dérangeant (parfois), mais que c'est passionnant !
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