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Critique de NinaG13


Il y a bientôt dix ans (ouille), j'étais au lycée en train de rédiger mon TPE (qui a connu cette épreuve du bac ?) portant sur la représentation des vampires au cinéma. Au préalable, je m'étais plongée dans tous les classiques de la littérature vampirique afin de connaître cette figure mythique et comment elle a été adapté à l'écran. Carmilla figurait parmi ces oeuvres. En effet, ce court roman de l'écrivain irlandais Sheridan le Fanu est l'un des précurseurs du genre (publié avant le Dracula de Bram Stocker) et il pose les caractéristiques de la femme-vampire (avec La Morte Amoureuse de Théophile Gautier). Alors adolescente, j'avais apprécié ma lecture tout en passant à côté de certains sous-entendus. Aujourd'hui adulte, je l'ai redécouvert avec plaisir.

Je vous parlais des caractéristiques de la femme-vampire. Carmilla est un personnage qui fascine Laura (protagoniste et narratrice) comme il fascinera les lecteurs. Double, séductrice, inquiétante, manipulatrice, touchante… Cette figure aux multiples facettes est insaisissable. Face à elle, Laura paraît drôlement innocente et naïve, elle qui représente la pureté sur le point d'être « corrompue ». On retrouve là un autre élément du récit fantastique : un narrateur à la première personne qui revient sur son passé pour nous raconter les étranges événements vécus dans sa jeunesse. Contrairement à La Morte Amoureuse où le narrateur est un homme, nous avons là une jeune fille. le récit prend donc une dimension saphique (Carmilla s'en prend uniquement aux femmes) dans toute la séduction qui va se jouer entre les deux personnages.

Avec le recul, Carmilla vous semblera peut-être vu et revu. On connait déjà ses codes (le château isolé, la jeune fille noble et ses gouvernantes, le paranormal qui s'immisce peu à peu dans leur quotidien, l'éveil à la sensualité et la passion refoulées dans des événements qu'elle ne peut expliquer…). Nous avons là tous les topos du gothique. L'enquête pour découvrir la véritable nature de Carmilla et les sources de ce mal tuant les jeunes filles de la région ne surprend pas, car on devine dès le début la vérité dès qu'on aborde cette oeuvre en tant que lecteur du XIXème siècle. Mais imaginez un instant les réactions à l'époque ! Si vous êtes amateurs du genre, Carmilla est un incontournable que vous devez lire.

Enfin, je vous conseille cette magnifique édition illustrée par Isabella Mazzanti, dont le trait apporte une dimension horrifique supplémentaire. le jeu entre le noir, le blanc et le rouge sang est remarquable. Son style rond et très expressif m'évoque à la fois un style burtonien et le visage des acteur.ices du cinéma muet. Elle y mélange des figures mythologiques et du body horror poétique, oscillant entre sublime et morbide.
Lien : https://moonlightsymphonyblo..
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