Jarvus Makarian et les rencontres oubliées

Les voyages spatiaux comportent tout un tas de dangers de base. Entre les radiations cosmiques, les micrométéorites, les éruptions solaires et tout un tas d'autres dangers pouvant survenir à cause de ce qu'on pourrait appeler la météo spatiale ou le climat spatial.
Outre les aléas de la nature, il y a aussi d'autres éléments à prendre en compte, comme les pirates ou certaines formes de vie propres à cet environnement si particulier que peut être l'espace.
Et cette liste non exhaustive ne vaut que pour les voyages dans l'espace classique. En effet, les voyages par les courants, bien plus dangereux, ont la particularité de le devenir de plus en plus à mesure que la profondeur augmente.

- Wilson, est-ce que tes capteurs voient quelque chose ?
- Wilson ceci. Wilson cela Même pas de s'il vous plait. Avez-vous oublié que je suis un droïde de navigation à la base ? a-t-il pesté.
- Et toi, as-tu oublié à quel point ma patience est limitée ? ai-je grincé des dents.
- Oh ? Vraiment ? Vous m'en direz tant ! m'a-t-il provoqué.
- Si tu avais répondu à la question, on aurait déjà l'info... a rétorqué Edgar.
- Oh vous, le Gnome obsédé, on ne vous a pas sonné !
- Arg ! Cette vérité, bien que hors sujet, me foudroie en plein cœur comme cette folle d'élémentaliste ! a dramatisé le Gnome en s'accrochant à mon pantalon.

- Trahison ! a crié Perceval avant de pointer sa branche dans ma direction.
- C'est une longue histoire ! me suis-je justifié.
- Mais nous avons bu ensemble, s'est mise à larmoyer Caralis. Nous avons partagé la même bouteille ! Partagé le même bol pour le repas et dormi ensemble !
- On a fait ça ? ai-je dit, confus.
- Comme des frères et soeurs, j'entends bien. Morphologiquement, aucune chance que ça passe. Je ne veux pas finir empalée...
- Ça va, ça va, j'ai compris, ai-je crié pour la faire taire.

- Au moins, nous sommes toujours entiers ! ai-je soufflé.
- Heureusement ! Le Nain en face de moi avait toute une panoplie de matraques, une pour chaque partie du corps ! Un vrai fou !
- Dixit le Gnome qui possède une collection de jouets pour chaque partie du corps.
- Shhhh ! Ce genre de chose ne se dit pas à voix haute, Jarvus !
J'ai levé les yeux au ciel.

Son corps était criblé de morceaux de verre et ses membres étaient désarticulés.
- Mais qu'est-ce que c'est que cette chose ? ai-je soufflé.
D'un coup, sa tête a fait un cent quatre-vingt degrés, ses yeux étaient révulsés et une langue de trente centimètres gesticulait dans tous les sens.
Wilson a crié comme une fille.

Le serveur s'est retourné vers moi, le regard plein de compassion avant de poser la main sur mon épaule.
- Je suis avec toi, mon gars.
Devant mon regard interrogatif, il a continué :
- Ton rendez-vous est déjà là. Si tu le souhaites, tu peux encore partir. Prends la sortie par les cuisines. Je nierais t'avoir vu.
Ça commençait à sentir mauvais.
Tous les signaux étaient au rouge. J'aurais dû accepter sa proposition et fuir, mais ma curiosité l'a emporté.
Je l'ai suivi jusqu'à ma table, il m'a fait m'asseoir et dans un dernier geste de compassion, il m'a souhaité bon courage.
Et que le premier verre était pour lui.

- Vous savez, je connais le dicton qui concerne le courage et les objets pénétrables, mais madame, un Gnome n'est pas réellement prévu pour ce genre d'utilisation.
Madame ?
Je ne voyais pas bien ce qu'il se passait d'ici, mais une chose était sûre, c'était contre nature.
- Je vais pouvoir avec un immense plaisir barrer l'une des lignes de ma liste, mais encore une fois, un Gnome n'est pas prévu pour ce genre de chose.
L'Ogresse a gémi avant de s'éloigner vers le fond de la grotte.
Edgar était installé sur une table, seulement vêtu de son pagne, ligoté et recouvert d'une substance visqueuse.

- Qu'est-ce qui me retient de te vendre pour pièces au premier ferrailleur déjà ? ai-je grincé des dents.
- Et qu'est-ce qui me retient de vous vendre pour vos organes ?
- Ton contrat, stupide droïde de navigation. T'as beau faire le malin, je reste ton capitaine et donc ton maître, ai-je dit d'un ton moqueur.
- Seuls ceux qui n'ont pas de réelle autorité doivent sans cesse rappeler aux autres le peu qu'ils ont.
Wilson était exécrable. Un droïde invivable avec une personnalité imbuvable. La dette, à côté, était une partie de plaisir. Il avait peu de bons côtés et les mauvais les supplantaient largement. Mais malgré ça, l'idée de le vendre me débectait, c'était le premier compagnon que j'avais eu en plusieurs années, même si sa fidélité était liée à son code source et ses protocoles.