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Critique de Krissie78


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Apeirogon : une forme possédant un nombre dénombrablement infini de côtés."

Bassam est palestinien, Rami est israélien. Abir avait 10 ans. Smadar avait 13 ans. Deux familles, le même destin : continuer à vivre avec la perte d'un enfant, victimes innocentes dans un conflit d'adultes. Mais de ce chagrin Bassam et Rami vont faire une arme : le reste de leur vie sera consacrée aux Combattants de la Paix.

Pour nous raconter la vie et l'engagement de Rami, Bassam et de leurs familles Colum McCann a choisi une forme très originale. Déclinés en 1001 chapitres de une phrase à une vingtaine de pages, les deux parcours se déroulent sans chronologie. Chaque vie n'est-elle pas composée d'un nombre dénombrablement infini d'éléments qui sont reliés les uns aux autres ? Infini comme ce qui concourt à construire l'histoire d'un homme, d'une famille, d'un pays. Comme l'histoire de Bassam et de Rami qui compte un nombre infini de ramifications.

Tels les oiseaux de la couverture et qui reviennent plusieurs fois dans le roman comme un des nombreux fils rouges du récit Colum McCann prend de la hauteur et contourne tous les risques qu'il y a à aborder la délicate question du conflit israélo-palestinien. Illustrant son titre énigmatique il aborde son sujet par une multitude d'aspect : l'histoire, la géographie, la religion, l'art, la politique, la musique, l'architecture, l'urbanisme, la littérature. Des petits moments fragiles de l'existence, de ce qui apparaît de la banalité du quotidien, à ceux qui font la grande histoire, chaque élément participant au drame est disséqué, analysé, raconté. Les chapitres s'assemblent comme un puzzle et progressivement la vision globale se dessine, comme une structure polymorphe qui à chaque niveau prend un sens, une intensité différente et graduelle.

Le récit n'e semble pas linéaire et pourtant on n'est jamais perdu tant le fil subtil que déroule l'auteur est construit avec une intelligence rare.

Ce roman est une ode à la paix. Les paroles de Bassam et de Rami, puis de leurs fils, concernent Israël et la Palestine mais leur portée est universelle.

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Le soldat qui a tué ma soeur était victime d'une industrie de la peur. [.] Nous en avons assez, je le dis, assez, assez. [.] La seule vengeance consiste à faire la paix. Nos familles ne font plus qu'une dans la définition atroce des endeuillés. le fusil n'avait pas le choix, mais le tireur, lui, l'avait. Nous ne parlons pas de la paix, nous faisons la paix."

Colum McCann nous fait le cadeau d'un récit bouleversant d'une histoire vraie, d'une amitié que beaucoup croiraient impossible (que certains voudraient impossible), d'un combat pour la paix, d'un parcours double tourné vers l'avenir avec optimisme.

Un très grand livre.

Coup de coeur ultime de mon année littéraire 2020
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