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Critique de Yaena


Yaena
20 septembre 2021
Il faut être sacrément ambitieux pour se lancer dans l'écriture d'un livre traitant du conflit Israélo-Palestinien. Un conflit aux mille facettes, un imbroglio complexe mêlant histoire, politique, religion, et surtout une tragédie humaine. Pourtant ce livre relève le défi de manière surprenante l'auteur m'a surprise par son érudition et sa réflexion. Dit comme ça on s'attend à un livre soporifique et bien absolument pas.

J'ai tout d'abord était perplexe devant la quantité d'informations qui semblent complètement éparses au début du récit, avant de me rendre compte que tout finissait par s'articuler comme une horlogerie de précision. L'auteur fait des digressions, nous abreuve d'une cascade d'informations, fait des sauts dans le temps, … de quoi perdre n'importe quel lecteur. Pourtant tout fini par avoir du sens, même les choses qui semblent les plus inattendues ou les plus insignifiantes. Ce récit fait prendre tout son sens à la notion « d'effet papillon ». L'important c'est l'angle sous lequel on regarde les choses et Colum Mc CANN multiplie les angles de vision. Et puis il y a ces petites phrases qui reviennent tout au long du récit et qui ne cessent de gagner en consistance et de prendre du sens.

Mais pour moi la vraie force de ce livre est d'avoir ramené ce conflit à dimension humaine en nous parlant d'une histoire vraie : celle de Rami et de Bassam. Rami est Israélien, il a perdu sa fille Abir. Bassam est Palestinien, lui aussi a perdu sa fille, Smadar. Sans ce conflit qui s'enlise toutes les 2 seraient encore en vie. Ce drame est le fil rouge d'Apeirogon, et fait planer sur le récit une tristesse omniprésente. Elle en devient presque palpable. Les histoires de ces deux hommes distillées par petites touches font peser sur le lecteur ce deuil perpétuel. L'auteur choisi de ne pas nous jeter la vérité au visage dans des scènes de guerre violentes, il fait pire que cela. Il nous inocule cette peine à petite dose lentement, comme un venin qui se répand jusqu'à ressentir l'accablement et de Bassam et Rami. le lecteur en apprend chaque fois un peu plus. Abir et Smadar deviennent de plus en plus réelles, de plus en plus vivantes grâce à tous ces petits détails du quotidien et en parallèle leur mort prend une autre dimension.

En nous racontant le quotidien de ces hommes Colum Mc CANN nous fait comprendre à quel point le tout est difficile. Ce conflit tue, rend la vie impossible aux 2 camps. Alors Rami et Bassam se battent pour y mettre fin, en racontant Abir en racontant Smadar. Deux combattants pour la paix, deux amis, deux frères. Ils mènent peut être un combat utopique mais que peuvent-ils faire d'autre ? C'est peut être une goutte d'eau dans l'océan mais si vous lisez Apeirogon monsieur Mc CANN saura vous montrer que les petits riens sont bien moins insignifiants qu'on ne le pense.
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