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Critique de moertzombreur


Little Nemo in Slumberland
Winsor McCay a publié Little Nemo in Slumberland, de manière hebdomadaire, de 1905 à 1914, et quelques résurgences dans les années 20 et 30. La première particularité de ces aventures est qu'elles se terminent toujours de la même manière : le réveil brutal de Nemo, suite à un cauchemar, ses parents sont là ou hors champ, lui reprochant sa gloutonnerie, ou bien, le petit garçon, qui doit avoir sept ans environs, tombe de son lit. La deuxième caractéristique étant que chaque aventure tient sur une seule page, peut être lu indépendamment des autres, du fait de la publication hebdomadaire dans la presse, en noir et blanc, ou en couleur pour les pages dominicales. Mais le génie de McCay est de construire un ensemble cohérent, l'univers onirique de Slumberland se dévoilant peu à peu au fil des histoires, il est aussi potentiellement interminable, les pitoyables tentatives d'adaptation étant d'emblée vouées à l'échec, car en essayant de circonvenir ces aventures, on fabrique une histoire fermée, close sur elle-même, avec un début et une fin, alors que le principe innervant de la série est justement de proposer toujours la même fin, l'aventure onirique ne pouvant se poursuivre qu'en se renouvelant sans cesse, dans une reconduction qui n'a pas de fin. Par ailleurs il est intéressant de faire un parallèle avec une publication presque contemporaine : L'interprétation des rêves de Freud, où le rêve est analysé comme étant l'accomplissement d'un désir, et donc un révélateur de notre être, de nos possibilités et de nos capacités à changer. La part sombre du rêveur, et parfois sa violence, s'exprime dans l'impalpable du sommeil, même si elle est bel et bien représentée par le trait précis et génial de McCay. On assiste aussi à
une modification de la grammaire narrative, les commentaires en dessous des cases disparaissent, laissant les dialogues dans les bulles.
Cela débute simplement : le Roi Morphée, qui règne sur le Pays du Sommeil (traduction littérale de Slumberland) va envoyer des émissaires afin de convier Little Nemo en son royaume où sa fille réclame sa présence. L'effet de répétition est assez cocasse, les émissaires se ressemblent tous, tout en étant différant à chaque fois. Chaque aventure est d'une inventivité surprenante, visuellement et graphiquement très novateurs, les décors sont
somptueux, avant de révéler, souvent, leur dangerosité, l'angoisse étant le moteur du rêve, facteur de sa mobilité mais aussi d'une accélération intrinsèque qui provoque son propre effondrement, se terminant souvent par une chute, une mort violente, et qui donne lieu, en dernière case, à un réveil souvent ébouriffé ! Et puis de nouveaux personnages récurrents font leur apparition, notamment celui de Flip, tantôt ennemi, tantôt ami de Nemo, un « renard » détesté de tous, cigare au bec et la langue acerbe et bien pendue.
Le talent de McCay est resté méconnu de son vivant, pionnier de l'animation, il aurait pu avoir le destin d'un Disney ou d'un Tezuka.
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