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Critique de Lutin82


Brian McClellan ne ménage pas ses protagonistes principaux. Si ces deux volets s'avèrent intenses et d'issue incertaine, que dire de la situation politique d'Adopest, la capitale ?

Ainsi posée, cette description des diverses situations de nos personnages n'incline pas à l'espoir, le tout paraissant bien complexe et dense. Je ne peux pas infirmer ce fait, car c'est le cas. Cela dit, nous en sommes au troisième tome de la trilogie. Les protagonistes nous sont dorénavant familiers, le conflit entre Kez et Ado compris, les tenants et aboutissants restent opaques, mais les enjeux apparaissent limpides et pour finir, les systèmes de magie sont « acquis ». Quelques zones d'ombre persistent ici ou là — heureusement — mais le lecteur n'est pas perdu; il est emballé, impatient de dévorer la suite et de connaître l'épilogue de cette aventure passionnante.

Toutes les trames ne sont pas liées, mais participent à la dramaturgie d'ensemble et au souffle épique qui illumine ce dernier volume. Ainsi la position précaire de Taniel apparaît secondaire à l'histoire globale, et pourtant, le lecteur se doute que sa présence dans la résolution de l'intrigue principale sera prépondérante (le volet historique et politique d'Ado). Il en va de même avec les investigations de l'inspecteur Adamat qui semble se dérouler à la marge, charpentant surtout l'univers et enrichissant le monde construit par McClellan. C'est ce que j'ai cru tout au long des deux premiers tomes, car celui-ci se bat pour retrouver sa famille aux mains d'un maître chanteur. En fin de compte, sa trame se mêlera à l'intrigue principale avec brio.

L'évolution des protagonistes est un des points forts de la trilogie. Généralement (sans être rare), ce n'est pas un axe de construction des romans (sauf les quêtes initiatiques, et encore). Trop souvent, les héros sont à la fin peu ou prou ce qu'ils étaient initialement. Certes ils achèvent l'aventure avec une expérience accrue, des traits de caractères plus ou moins affirmés, mais il demeure rare d'assister à un véritable voyage, un changement profond de leur appréhension du monde.

Brian McClellan nous offre ces progressions personnelles si bienvenus.

Tamas était déjà un héros charismatique et nuancé, avec un background solide et une construction élaborée. Nous avons suivi cet homme sûr de lui, talentueux avec un rêve et des aspirations. Il s'est mué au fil des chapitres en un guerrier fatigué, rongé par les doutes, épuisé par les combats, faillible et bien plus attachant.

Taniel, son enfant unique, vivait dans l'ombre écrasante de son père. Il s'affiche comme un personnage dans la lignée des fils à papa : arrogant, habitué à user de certaines prérogatives (indues), doué, cachant une véritable vulnérabilité, mais agaçant. Il atteint un niveau suffisance telle qu'il passe en cour martiale pour insubordination dans le tome 2. Et à partir de là, un homme va prendre la place de ce rejeton, plus amer certes, mais plus ouvert aussi, plus mature et clairvoyant.

Nila est celle qui bénéficie le plus de cette aventure, et à tous points de vue. La lavandière découvre un potentiel de Privilégié hors du commun, et sa basse extraction va la conduire à considérer ses pouvoirs avec des devoirs ainsi qu'une réserve certaine. Elle a toujours possédé une force de caractère mais peu à peu celle-ci s'affirme. J'ai particulièrement apprécié la façon dont l'auteur parvenait à renforcer ce trait tout en nuançant une vulnérabilité nouvelle. Nila s'approprie ses pouvoirs avec incertitude et même répugnance, alors qu'elle éprouve de la peur et de l'appréhension devant son changement de statut et de stature.


Le rythme est tout aussi bon que lors des deux premiers, de rares temps morts permettent une respiration bienvenue. La plume est toujours aussi efficace et prenante. Et surtout, Brian McClellan parvient à boucler toutes ses trames dans une intrigue historique tout à fait passionnante. La fin tout en douce amertume est parfaite.

The Autumn Republic est une conclusion en feux d'artifice à cette trilogie captivante qui réécrit avec brio la Révolution française dans une veine Flintlock. Cela sent la poudre à canon, les rebondissements, les heures de bravoure tout autant que les sombres complots politiques et les pots de vin distribués sous le manteau. Impossible de s'ennuyer en compagnie de mages de tout poil, de divinités acariâtres et de ces personnages plus ou moins subtils, humains surtout. Et faillibles.

Critique bien plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2017/1..
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