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Critique de Pecosa


« La Californie est un endroit merveilleux si vous êtes une orange. »  Pas de chance pour Ralph Carston il n'est qu'un comédien amateur venu de sa Georgie natale pour devenir une star à Hollywood. Il a pour colocataire une aspirante actrice originaire de l'Oklahoma ,Mona Matthews, qui rêve elle aussi d'une grande carrière. Autant Mona est lucide, courageuse, et entière, autant Ralph, naïf, prisonnier de son éducation puritaine, et qui ne connait rien au cinéma, est obsédé par ses désirs de gloire.
Plus les jours de déveine passent et plus Mona, devenue doublure, voit ses certitudes fondre comme neige au soleil californien. Ralph quant à lui suscite la convoitise d'une riche angeline mature attirée par sa candeur.

I Should Have Stayed Home (1937) et On achève bien les chevaux (1935) sont les deux faces d'une même médaille. le grand Horace McCoy y foule au pied le rêve américain, symbolisé par l'usine à bonheur, le Hollywood de l'âge d'or. Avec McCoy, le mythe a du plomb dans l'aile.
Et c'est un milieu qu'il connait bien. Il a gagné l'Ouest suite à la Grande Dépression, s'est installé à Los Angeles en 1931 où il est devenu scénariste.
Dans J'aurais dû rester chez nous, c'est le personnage secondaire de Johnny Hill qui retient finalement l'attention du lecteur. Lucide, sans complaisance aucune pour l'Amérique puritaine, pour l'hypocrisie d'un système qui abomine les grèves et toute tentative aussi minime soit-elle de revendication, il est viré de son emploi de scénariste sous la pression d'un consul allemand pour avoir montré dans un de ses scénarios les visées d'Hitler. Hollywood, il rêve d'en faire un vrai roman: « Toute la tragédie, toute la désillusion qui s'entasse dans cette ville infernale, toute la méchanceté, la cruauté… »


J'aurais dû rester chez nous, pensera l'un des protagonistes, comme ont souvent dû le penser nombre de petites mains de cette brillante industrie à la réalité sordide, pour laquelle des milliers de crève-la-faim ont payé un lourd tribu.

"-Vous y allez fort! Est-ce que nous n'avons pas envoyé des pansements et des secours médicaux aux Loyalistes d'Espagne? Est-ce que nous ne soutenons pas la ligue antinazie?
- Des nèfles, dit le petit. Vous soutenez la ligue antinazie, parce que dans ce maudit patelin, tous les producteurs sont juifs et que vous vous dites qu'ils vous prendront pour un héros, en tant que chrétien ayant épousé leur cause. Il ne faut pas m'en compter. Si tous les producteurs étaient nazis, vous seriez les premiers à commencer le pogrom."

Hill se fait renvoyer, comme Horace McCoy tombe dans l'oubli, l'un, Cassandre marquée par la guerre d'Espagne, et la guerre mondiale qui s'annonce, et l'autre, grand nom du noir boudé par le public qui n'aime pas contempler le miroir aux alouettes.
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