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Critique de ClaireG



Ambiance lourde et confinée dans cette garnison américaine quelque part dans le Sud des Etats-Unis, entre deux guerres. Un corps d'armée en temps de paix a beaucoup de loisirs dans son isolement.

Le colonel est l'amant de la femme du capitaine. La femme du colonel est devenue folle en raison de l'infidélité de son mari et de la mort de son seul enfant. Elle ne supporte que son serviteur philippin. le capitaine est marqué par le refoulement et les désirs intolérables qu'il éprouve envers les amants de sa femme. le palefrenier, éduqué dans la peur du péché de chair, est attiré par la femme du capitaine au point de passer ses nuits à l'observer dormir. Six personnages parmi des centaines de militaires.

Les deux qui émergent du groupe sont le capitaine Penderton, instructeur à l'école d'infanterie qui n'a que des rapports d'autorité avec ses élèves et qui passe son temps libre à écrire des rapports techniques. Pas de fraternité, plus d'amour dans son couple, une sorte de vide sidéral. Et le soldat Williams, taiseux et solitaire, qui adore chevaucher nu au milieu des arbres, ignorant les fantasmes du capitaine à son égard.

Dans cette atmosphère étouffante, le cheval symbolise l'échappée, la diversion au milieu de tant de solitude.

Ni le capitaine, ni le soldat n'arrivent à analyser leurs tourments intérieurs ni même à éprouver leurs sentiments. « Bien qu'obsédé de solitude, tout ce qu'il voyait au cours de ses promenades prenait à ses yeux une importance anormale […] Pour le moment, il avait perdu la faculté élémentaire de classer les différentes impressions sensorielles selon leur valeur relative » (p. 120).Tout est là, en jachère. Jusqu'au dénouement, forcément dramatique.

2017 marque l'année du centenaire de la naissance et du cinquantenaire de la mort de Carson McCullers. C'est l'occasion pour les éditions Stock de rééditer son oeuvre et pour les lecteurs de la découvrir ou de la relire. Elle voulait être musicienne, elle est devenue romancière par défaut.

Elle traduit avec justesse cette société du Sud, puritaine et raciste, incapable de décrypter ses états d'âme, subissant (comme beaucoup d'autres au début du XXe siècle) ses instincts sans en comprendre les mécanismes, faisant de beaucoup des handicapés émotionnels. L'époque était telle, un peu partout. La reine d'Angleterre dirait : « Never complain, never explain ».

Carson McCullers défraya la chronique dans les années 1940, par ses relations homosexuelles et ses fréquentations considérées comme malsaines. Si elle devait écrire son livre aujourd'hui, il le serait très certainement sous l'angle de la psychologie détaillée de chaque personnage, où chaque névrose serait dépouillée de son mystère, où le désir serait traduit en acte. Mais ce ne serait plus le même livre.

En 1967, John Huston fit un film très fidèle au livre avec Elisabeth Taylor et Marlon Brando.

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