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Critique de 5Arabella


Comme à son habitude, Alice McDermott s'attache à nous décrire les destinées d'un certain nombre de personnages faisant partie de la communauté irlandaise de New York. Elle le fait d'une façon discursive, les vies et les époques s'entrecroisent, nous passons de l'une à l'autre pour revenir à un autre moment, un autre personnage. Il faut parfois un petit moment pour situer de qui et à quel moment il s'agit : nous retrouvons très jeune une personne que l'on a connu âgé précédemment. Cela demande un peu d'attention, mais ajoute une forme de perspective, de profondeur, au récit.

Nous débutons le roman avec Jim, un homme encore jeune, marié, dont la femme Annie attend un enfant. Mais voilà, Jim a du mal à s'astreindre aux routines du quotidien, à trouver l'envie, et il vient de perdre son emploi. Il profite d'une absence d'Annie qu'il a provoqué pour se suicider. le chemin d'Annie va à ce moment croiser la route de religieuses catholiques, d'une congrégation proche. Elles vont l'aider à mettre au monde sa fille, Sally, lui donner un travail à la buanderie du couvent, où sa fille passera son enfance, protégée du monde. Nous découvrons un certain nombre de religieuses, des bribes de leurs vies, passées ou présentes, essentiellement occupées à soigner. D'autres personnages apparaissent, Mme Tierney, qui devient amie d'Annie, son mari, ses enfants, dont l'un va épouser Sally, le laitier et sa femme invalide…

Les personnages mènent une vie rude, d'un autre temps, entre les soins des religieuses, le travail épuisant à la buanderie ou ailleurs, le peu de perspectives d'échapper au labeur et au malheur. le monde du couvent est un environnement protecteur, comme un cocon, les routines entre messes et travail ont quelque chose de rassurant, et Sally va envisager de devenir religieuse pendant un temps. le livre est très réaliste par certains aspects, des descriptions très précises, par exemple des soins aux malades, mais il y a par ailleurs un côté plus symbolique et métaphorique, comme le voyage de Sally à Chicago, avec quelque chose qui ressemble à une descente aux enfers, un chemin vers son père qu'elle n'a pas connu, vers ce mal être qui semblait l'habiter. Une sorte de mélancolie baigne le roman, surtout dans sa deuxième partie, entre un monde en train de disparaître et aussi l'impossibilité d'échapper à ses démons et tout simplement à la destinée humaine, avec ses finitudes, et la vieillesse et la mort inévitables.

J'ai énormément aimé ce livre sensible et dense, qui sous une allure modeste, est d'une grande richesse.
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