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Critique de gatsbi


Ce deuxième tome de la série Blackwater ne m'a pas déçu.

Même recette, même plaisir. Et mon intuition me dit que ce n'est pas près de changer. On verra bien !

Certes, le plaisir de la découverte, celle du style, de l'univers, du scénario et de ses principaux acteurs, tout cela n'est plus.
D'un autre côté, il y a le plaisir de plonger à nouveau, non pas dans les eaux boueuses de la rivière Perdido, mais dans ce petit cocon qu'a su construire l'auteur.
Quelques années ont passé. La construction d'une digue pour se prémunir de nouvelles catastrophes transforme – défigure – la ville, modifie les mentalités, et pourtant rien ne change dans le fonctionnement de la famille Caskey. La trame principale se construit toujours autour de la guerre d'usure à laquelle se livrent ses deux membres les plus combatifs : la richissime matriarche Marie-Love, et la mystérieuse Elinor qui, venue de nulle part pour ainsi dire, poursuit sa lente ascension.

Les personnages qui m'avaient paru un poil légers dans le premier tome me semblent maintenant beaucoup plus précis, ce qui n'ôte en rien leur potentiel disruptif, ce que l'auteur va prouver à maintes occasions.
De nouveaux venus arrivent dans ce deuxième tome, tel l'ingénieur Early Haskew à qui l'on confie l'étude et la réalisation de l'ouvrage, ou encore Queenie Strickland, la belle-soeur de James.


Le style est toujours aussi agréable, soigné et simple. L'imparfait est omniprésent, notamment l'imparfait de répétition par lequel l'auteur n'a de cesse d'inscrire les évènements de l'histoire de cette petite ville et de sa famille la plus emblématique dans une belle continuité dans le temps.
J'aime beaucoup aussi cette façon apparemment simple, mais addictive, de poursuivre tour à tour l'intrigue propre à chaque personnage, comme si l'auteur les bichonnait.

Dans les grandes thématiques, on reste dans une lutte pour le pouvoir au sein de la famille Caskey, avec un mystère toujours bien entretenu en la personne d'Elinor. Ce mystère est clairement le moteur de l'intérêt et l'attente, et la touche de Fantastique/Horreur qui l'entoure est une fois de plus au rendez-vous. Deux ou trois saillies par tome, courtes mais marquant les esprits, tel semble être la recette de McDowell dans cette saga. Dans le Trone de fer, George R. R. Martin distille la trame des marcheurs blancs et de leurs créatures avec la même parcimonie.


J'aime décidément beaucoup ce focus sur les manigances et les calculs des personnages féminins. Les hommes, quand il en est question, ne sont pas les moteurs de l'intrigue, mais plutôt les objets ou les outils.
Mary-Love est incontestablement la représentante incontournable de ce bal.
Sa fille Sister entre dans le jeu dans ce tome 2, et c'est une belle surprise.
Queenie Strickland, mi-intrigante, mi-parasite, est un personnage type très convaincant.
Elinor, enfin, toujours en lice dans son rôle d'outsider.

C'est assez fascinant de voir l'auteur différencier – opposer – si nettement les approches féminine et masculine de la stratégie. Les hommes font la guerre sur le champ de bataille ou sur l'échiquier. Les femmes la font sur le terrain social. Leur manière de parvenir à leurs fins en agissant de façon détournée, indirecte, échappe largement à la perception des hommes.
Sur ce plan, le cas d'Elinor est particulier, avec sa franchise, sa froideur et son opacité. Et il y a ce cas marquant où Mary-Love s'aperçoit qu'Elinor « n'a pas agi pour produire un effet ». « Aux yeux de Mary-Love, commettre une action sans chercher à susciter de réaction dénotait une forme de perversité ». L'exagération dans la formule traduit bien le fossé dans la façon de penser – de calculer – entre les hommes et les femmes de Blackwater. Et en l'occurrence, Elinor apparaît comme « différente », ce que je mets autant sur le compte de son caractère viril que du mystère qui l'entoure. Ce n'est pas très clair cela dit, car à plusieurs reprises on la présente comme une redoutable calculatrice, l'égale de Mary-Love.

Autre aspect qui me plait beaucoup : l'ambivalence du personnage d'Elinor sur le plan moral.
Alors que l'Elinor humaine est auréolée de nombreuses qualités, l'Elinor non humaine fait froid dans le dos...
Inutile de dire que j'attends beaucoup des explications finales !
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