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Critique de evergreen13


Fin

En refermant cet ultime volet de la saga Blackwater mes sentiments sont partagés : il y a le plaisir d'avoir lu un véritable feuilleton littéraire, passionnant de la première à la dernière page, et un peu de tristesse de devoir quitter la famille Caskey. J'envie ceux qui n'ont pas encore commencé la lecture de ces romans et je ne peux qu'encourager les indécis ou les sceptiques à franchir le pas.
Avec le sixième tome, on peut dire que la boucle est bouclée : le premier commence par une crue exceptionnelle, le dernier se termine de la même manière. La plupart des questions en suspens trouvent leur réponse, même si l'auteur a eu l'intelligence de laisser au lecteur une part d'imaginaire.
C'est aussi l'occasion de faire un petit retour sur la globalité de cette histoire.
La famille Caskey, c'est avant tout des personnages féminins très forts. Mary-Love, Elinor, Miriam, Frances, Grace, Queenie, Zaddie, et à des degrés moindres, Sister, Lucille et Lilah. Ce sont les femmes qui tiennent les premiers rôles, qui sont décisionnaires et qui mènent la danse. On peut s'en étonner puisque l'auteur a choisi de situer la saga en Alabama et de la faire débuter juste après la première guerre mondiale. Je ne crois pas me tromper en disant que l'Alabama, comme les états du Sud des Etats-Unis, n'étaient pas (mais faut-il employer l'imparfait ?) particulièrement pour l'égalité homme-femme… de même, si la démarcation entre les blancs qui détiennent le pouvoir et l'argent, et les noirs, qui sont cantonnés dans un quartier ghetto de Perdido et relégués à des taches domestiques, est bien présente, force est de reconnaître que Michael McDowell a donné une réelle importance à certains d'entre eux, notamment Zaddie. Autre « détail » le fait que Grace soit homosexuelle et s'installe avec Lucille semble aller de soi (le livre a été écrit au début des années 80) : je doute qu'à l'époque où se situe le roman, les relations gay étaient aussi bien tolérées…(et je le précise, au cas où mes propos seraient mal compris et pour éviter toute polémique, je milite énergiquement et inlassablement contre toute forme de discrimination).
Les hommes n'ont qu'un rôle secondaire : Oscar qui sera manipulé par sa mère puis par sa femme et enfin par sa fille ainée ; James qui n'est en fait qu'un égoïste ; Billy le mari de Frances plus dévoué à la famille Caskey qu'à son épouse et les personnages « périphériques », Early le mari de Sister, Malcolm et Danjo Strickland, et Tommy Lee le fils de Lucille… Tous sont soumis au pouvoir matriarcal qui imprime cette saga.
La famille justement : j'avoue que la vision qu'en a l'auteur est assez déstabilisante, notamment la façon dont les uns et les autres ont de s'approprier les enfants, Mary-Love ayant « montré la voie »… Miriam, Danjo, Lilah sont considérés comme monnaie d'échange !
Enfin, un petit mot sur l'aspect surnaturel : j'ai beaucoup aimé qu'il soit introduit touche par touche, puis qu'il s'installe de manière beaucoup plus présente au fil des pages. C'est à mon avis la grande réussite de ces six romans, et ce qui les rend si addictifs. de plus j'ai particulièrement apprécié que la nature, les espaces naturels, l'eau (mon élément !) aient une telle importance dans le récit, qui écologiquement parlant, peut se targuer d'être précurseur. Pour résumer, l'auteur est parvenu à bâtir une grande saga familiale ancrée dans cinquante ans d'histoire du vingtième siècle, une saga réaliste par certains côtés mais bercée par une atmosphère fantastique et horrifique.
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